Le syndrome d’alénation parentale n’existe pas

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Il ajoute également qu’il ne sert qu’à décrédibiliser la parole des femmes et des enfants victimes de violences.

C’est un pas en avant pour les survivants d’inceste et pour les parents protecteurs, qui sont nombreux parmi les adhérents de l’AIVI. L’usage du prétendu « syndrome d’aliénation parentale » conduit parfois les juges à confier la garde de l’enfant à leur agresseur, alors que la mission première de la justice familiale et de l’État est de protéger les enfants lorsqu’ils sont agressés dans leur propre famille.

Nous nous réjouissons donc de lire dans le cinquième plan de lutte contre toutes les violences faites aux femmes les mots suivants: 

Action 58 : Informer sur le caractère médicalement infondé du « syndrome d’aliénation parentale » 

Dans les cas de violences conjugales ou de violences faites aux enfants, l’allégation du « syndrome d’aliénation parentale » soulève de réelles difficultés. Elle conduit à décrédibiliser la parole de la mère, exceptionnellement du père ou de l’enfant, et par conséquent à en nier le statut de victime en inversant les responsabilités. Or, aucune autorité scientifique n’a jamais reconnu un tel « syndrome » et le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette notion. Il n’est reconnu ni par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V) ouvrage de référence de l’association américaine de psychiatrie (APA), ni par la classification internationale des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La recherche démontre que les fausses allégations de maltraitance ou de négligences sur les enfants sont marginales. 

C’est pourquoi une communication visant à proscrire l’utilisation de ce concept sera réalisée, via la publication d’une fiche sur ce sujet, sur le site du Ministère de la justice. 

De nombreux témoignages d’enfants et de parents protecteurs recueillis et publiés par l’AIVI le confirment: le SAP est l’arme favorite des parents incestueux, qui leur permet, comme le rappelle le ministère, d’inverser les responsabilités entre l’agresseur et la victime. Il confère une autorité pseudo-scientifique à l’injonction du « Tais-toi donc !!! » que tous les survivants de l’inceste ne connaissent que trop bien.

Les fausses accusations existent, mais elles restent rares: entre 1%et 5% des dossiers, selon les études. C’est bien sûr le rôle du juge de démêler le vrai du faux, au cas par cas. En France, s’il suit les instructions officielles du ministère de la Justice, il pourra le faire en sachant que si le dénigrement d’un parent par l’autre peut bien sûr poser problème, il ne constitue pas un « syndrome » ni un « trouble du développement » au sens médical, et que l’utilisation d’un prétendu « syndrome d’aliénation parentale » par l’une des deux parties ne doit pas faire oublier au juge l’essentiel, à savoir la protection des enfants.

Paru sur l’infolettre janvier 2017 de l’Association internationale des victimes de l’inceste