Polytechnique: Trudeau marque le 6 décembre sans parler d’armes à feu

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Durant la campagne électorale de 2015, les libéraux ont promis de défaire des mesures prises par les conservateurs de Stephen Harper.

La loi C-42, adoptée par les conservateurs, a facilité le transport des armes à autorisation restreinte et des armes prohibées. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, un propriétaire d’arme peut transporter celle-ci n’importe où et non pas seulement de son domicile à son centre de tir. La loi a également retiré l’obligation au vendeur d’armes à feu de vérifier le permis de possession d’armes de l’acheteur avant de conclure la transaction.

Les libéraux n’ont toujours pas déposé de projet de loi pour modifier C-42.

La semaine dernière, le groupe Polysesouvient, qui milite pour un meilleur contrôle des armes à feu, a manifesté son impatience.

«Face à plus d’un an de tergiversations, nous nous questionnons sur la détermination du gouvernement à tenir tête au lobby des armes afin de prioriser la protection du public contre la violence par armes à feu», a écrit Heidi Rathjen, diplômée de l’École Polytechnique et porte-parole de PolySeSouvient, dans un communiqué publié vendredi.

En sortant de la réunion de cabinet, mardi après-midi, le ministre responsable de ce dossier, Ralph Goodale, a voulu calmer les doutes de Mme Rathjen.

«Il y a toute une série d’amendements sur lesquels nous travaillons», a-t-il assuré.

«Nous présenterons un projet de loi dans les semaines et les mois à venir», a-t-il ajouté, sans offrir de date précise.

Le ministre Goodale a ensuite voulu souligner qu’il est à revoir la composition du comité consultatif sur les armes, groupe que les conservateurs de Stephen Harper avaient peuplé de membres du lobby pro-armes. Il a promis un comité mieux équilibré «très bientôt». Mais il ne sait pas si cela se fera avant janvier.

«Nous travaillons très fort sur tous ces éléments et nous avons l’intention de les présenter aussitôt que nous aurons aligné nos flûtes», a insisté le ministre de la Sécurité publique, mais toujours sans offrir un quelconque échéancier.

Des roses blanches dans le silence

Peu après midi, le premier ministre Trudeau et 10 de ses ministres – toutes des femmes – ont déposé des roses blanches à la flamme du centenaire, sous le regard de six de leurs collègues masculins.

La courte cérémonie s’est déroulée dans le silence, alors que la ministre de la Santé, Jane Philpott, pleurait à chaudes larmes. Sa collègue Mélanie Joly a réussi à refouler les siennes, avec difficulté.

Invitée à dire après la cérémonie ce que son gouvernement pouvait faire pour adoucir le 6 décembre, la ministre Joly a répondu qu’il fallait «le commémorer».

«Et puis, bien entendu, démontrer à quel point il est important de contrer la violence faite aux femmes», a ajouté la ministre du Patrimoine canadien.

En matinée, M. Trudeau et sa ministre de la Condition féminine, Patty Hajdu, ont publié des communiqués pour souligner le 6 décembre, communiqués qui ne font aucune allusion au contrôle des armes.

«Aujourd’hui et chaque jour, nous réaffirmons notre engagement à trouver des solutions qui aideront à prévenir les actes de violence dans l’avenir», peut-on lire dans le communiqué du premier ministre. Dans sa déclaration, M. Trudeau insiste sur l’intention de son gouvernement d’augmenter le nombre de refuges et de maisons de transition pour les femmes victimes de violence familiale.

«J’encourage tout le monde à réfléchir au fait que leurs propres gestes comptent. Pour commencer, joignez-vous à la conversation en ligne au moyen du mot-clic EnLeaderGestesComptent», a-t-il également offert.

Paru dans La Presse

crédits photo: Sean Kilpatrick