Montréal, le 14 mai 2015. Plusieurs regroupements nationaux du domaine de la santé et des services sociaux rappellent au gouvernement Couillard que les services publics et les programmes sociaux relèvent de sa responsabilité. Ces regroupements se disent fort inquiets du transfert de services publics pour personnes aînées et proches aidantes vers le communautaire, information rapportée hier dans Le Devoir. La population doit continuer d’avoir accès autant à un système de santé public qu’aux activités et services proposés au sein des organismes communautaires.
Déjà, en octobre dernier, le ministre Leitao annonçait, devant l’Association des économistes du Québec, qu’il envisageait faire appel aux organismes communautaires pour sous-traiter des services du réseau. Devant le tollé suscité par ces propos, le Premier ministre Couillard ramenait le ministre à l’ordre, affirmant qu’un tel scénario n’était pas envisagé, et surtout pas dans le domaine de la santé et des services sociaux. « Il appert que le Premier ministre revient sur sa parole, puisque des CISSS de plusieurs régions ferment actuellement des centres de jour par dizaine, pour ensuite rediriger les personnes aînées et proches aidantes vers les organismes communautaires » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (Table). « Doit-on rappeler au Premier ministre que les organismes ne sont pas les sous-traitants du réseau de la santé et des services sociaux ? » ajoute-t-elle.
« Les organismes communautaires sont autonomes. Dirigés par, pour et avec leurs membres, ils travaillent particulièrement au développement et au maintien du pouvoir d’agir des personnes. Ils le font sans que cela passe par la dispensation de soins de santé, ce qui est de la responsabilité de l’État. Il ne faut pas confondre leurs missions respectives » de souligner André Guérard, directeur général de l’Association québécoise des centres communautaires pour aînés.
« Fermer un centre de jour, en réduire l’accessibilité, c’est réduire le peu de répit disponible pour les proches aidants. L’État abandonne de plus en plus ses responsabilités envers les familles des personnes malades et vulnérables. » de s’indigner Mario Tardif, coordonnateur du Regroupement des aidants naturels du Québec. Soulignons que ces choix budgétaires sont faits dans le contexte de restructuration du réseau, sans en avoir évalué les conséquences sur le long terme. Que restera-t-il de l’État avec le démantèlement actuel des services publics et des programmes sociaux ?
« Il est regrettable que le gouvernement remette en question les programmes de centre de jour. Ils sont un élément essentiel au niveau du soutien à domicile des aînés et ont un impact direct sur la diminution des coûts d’hébergement » de préciser Robert Beauparlant, vice-président du Regroupement des popotes roulantes.
« Alors que le gouvernement n’a pas encore répondu aux revendications financières des organismes communautaires, leur demander d’en faire davantage est tout simplement inacceptable. De plus en plus de personnes cognent aux portes d’organismes qui sont tout simplement à bout de souffle. » de dire Fatima Ladjadj, directrice de l’Association l’amitié n’a pas d’âge. Ces regroupements réitèrent que l’État doit répondre aux besoins financiers des organismes communautaires pour leur permettre de réaliser pleinement leur mission; il ne doit pas utiliser ces groupes comme s’ils étaient ses sous-traitants.