Deuxième rapport annuel du comité de travail sur les décès liés à la violence conjugale et recommandations de la coroner en chef : La FMHF réagit

Fédération des maisons d'hébergement pour femmes - communiqué de presse

À Montréal, le 17 novembre 2022 La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) accueille favorablement les recommandations du deuxième rapport annuel rédigé par le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale du Bureau du coroner (le Comité), dont la FMHF est membre.

Depuis la publication du premier rapport annuel, publié en décembre 2020, plusieurs recommandations ont été actualisées. Ce deuxième rapport dresse quant à lui un portrait plus spécifique des filicides et infanticides étudiés en illustrant entre autres, les trous de services dans la prise en charge des conjoints/pères ayant des comportements violents ainsi que les besoins toujours actuels de formation en plus de soumettre 25 recommandations.

 

Filicides et infanticides : une formation des professionnel.le.s intervenant auprès des enfants et parents est nécessaire  

Parmi les 30 décès étudiés, 16 étaient des enfants. Force est de constater un manque de formation et de compréhension de ces problématiques. La FMHF insiste depuis plusieurs années sur la nécessité qu’une formation spécifique sur les enjeux touchant les enfants victimes de violence conjugale et familiale soit donnée aux professionnel.le.s. Ils et elles doivent comprendre la réalité de ces enfants et évaluer les risques pour leur sécurité.  La troisième recommandation du rapport abonde en ce sens :

Nous recommandons au ministère de la Santé et des Services sociaux que la Directrice nationale de la protection de la jeunesse voie à offrir une formation spécialisée et continue sur l’exposition des enfants à la violence conjugale pour les gestionnaires et les intervenantes et intervenants des directions de la protection de la jeunesse de chaque région ; cette formation spécialisée devant inclure un module spécifique sur l’évaluation continue du risque homicidaire lié à la violence conjugale et devant s’arrimer à une grille d’évaluation du risque homicidaire appliquée uniformément dans toutes les régions du Québec. 

 

C’est d’ailleurs pour cette raison que la FMHF a appuyé la mise sur pied du projet quinquennal PEVC : protection des enfants en contexte de violence conjugale. Un processus novateur visant à la fois le renouvellement des pratiques d’interventions auprès des enfants vivant dans un contexte de violence ainsi qu’un meilleur dépistage et prise en compte de la violence conjugale et de ses impacts dans les évaluations et interventions de la DPJ. Les résultats et la satisfactions des intervenants.e.s de la DPJ, entre autres à l’effet d’être mieux outillés.e.s, sont plus que positifs après trois ans d’implantation dans trois régions pilotes.

 

Facteurs de risques : les identifier et les comprendre 

Il est soulevé par le Comité que les difficultés persistent quant à l’identification et à l’évaluation, selon des critères déterminés, de situations de violence conjugale et des risques pour les enfants victimes. Surtout lorsque la situation ne comporte pas d’agression physique récente, surtout lorsqu’elle se produit dans un contexte post-séparation.

La FMHF souligne, année après année, l’importance de reconnaître les multiples formes de violences dont sont victimes les femmes et leurs enfants. Comprendre le contrôle coercitif, la prise de pouvoir d’un agresseur sur sa victime et ses enfants, le cycle de la violence ainsi que le risque exacerbé par la violence post-séparation est la clé pour un changement réel et durable des pratiques. Les maisons d’hébergements membres de la FMHF savent fort bien, expérience à l’appui, que ce n’est pas parce qu’une relation se termine que la violence cesse.

 

« Par ailleurs, dans toutes les situations étudiées, les événements se sont déroulés pendant ou après une rupture entre l’agresseur et la conjointe victime de violence conjugale. » 

 

La différence entre la violence conjugale et les conflits sévères de séparation ainsi que la violence post-séparation est comprise, reconnue et prise en compte par les maisons d’hébergement membres de la FMHF. C’est maintenant le réseau sociojudiciaire qui doit être formé à comprendre les impacts de ces concepts sur les victimes et l’encadrement des conjoints violents, sans quoi, le manque de cohérence fera en sorte que des mailles seront toujours présentes dans le filet de sécurité pour les femmes et enfants violentés.

 

Des ressources responsabilisantes pour hommes violents: une absence qui se fait sentir  

Un élément préoccupant pour la FMHF est l’absence d’intervention d’organismes pour conjoints violents dans le parcours des hommes violents concernés. Parmi les situations examinées par le Comité, aucun agresseur ne semble avoir été en contact avec un organisme offrant des programmes destinés aux conjoints violents.

 

« Afin d’assurer la sécurité des enfants exposés à la violence conjugale, une intervention auprès des agresseurs est nécessaire, dans une perspective de responsabilisation et d’arrêt des comportements violents et contrôlants »  

 

Au Québec, il n’existe à ce jour aucun cadre de référence national pour l’encadrement des pratiques d’intervention auprès des hommes auteurs de violence conjugale. Les groupes existants font référence aux « hommes aux prises avec des comportements violents » ou de « pères en difficulté ». Dans cette perspective, la FMHF est en accord avec la dixième recommandation du Comité, soit :

L’élaboration d’un cadre de référence pour l’encadrement des pratiques d’intervention auprès des hommes auteurs de violence conjugale axées sur la responsabilisation prévue à l’action 55 de la Stratégie gouvernementale intégrée pour contrer la violence sexuelle, la violence conjugale et Rebâtir la confiance 2022-2027
De nombreuses pistes concertées de renouvellement des pratiques d’intervention et de collaboration sont mises de l’avant dans ce rapport. Celles-ci permettraient de bonifier de façon notable le soutien global que l’on apporte aux femmes violentées et à leurs enfants ainsi que d’assurer une prise en charge encadrée des conjoints ayant des comportements violents. La FMHF et ses membres souhaitent, comme toujours, être partie prenante de ce changement de pratiques en collaboration avec tous les partenaires sociojudiciaires.

 

– 30 –

 

CONTACT MÉDIA :
Elisabeth VIENS-BROUILLARD | 514 233-8256 | eviens-brouillard@fede.qc.ca

 

À PROPOS DE LA FMHF

La FMHF représente 59 maisons d’hébergement dans la province, soit 36 maisons de première étape et 23 maisons de 2e étape.

Les maisons d’hébergement hébergent chaque année près de 3 00 femmes et leurs 1 500 enfants, victimes de violences conjugale et familiale, de traite, de violences basées sur l’honneur, d’agressions et d’exploitation sexuelles et autres. Elles effectuent près de 80 000 appels, 48 000 rencontres de suivi individuel et plus de 2 000 accompagnements. Elles soutiennent également près de 6 000 femmes et enfants via leurs services externes.

Les maisons d’hébergement de deuxième étape, elles, représentent plus de 165 unités et accueillent les femmes et leurs enfants pour de l’hébergement à plus long terme assurant ainsi leur sécurité physique et psychologique afin de favoriser leur reprise de pouvoir sur leur vie.