Violence conjugale en Outaouais : Des chiffres préoccupants …

En 2013, les policiers du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) sont intervenus à 775 reprises dans des dossiers liés à la violence conjugale, des chiffres préoccupants sans être disproportionnée selon la responsable de l’analyse et de la recherche en criminologie et prévention du crime au SPVG, Isabelle Plante.

Même si elle considère chaque cas comme en étant un de trop, elle rappelle que chaque plainte représente une victime qui a décidé dénoncer et briser le cycle de la violence conjugale. «Ça veut dire qu’elles ont besoin d’aide, qu’elles nous font confiance et qu’elles ont su qui appeler.»

C’est aussi ce qui peut expliquer le positionnement de l’Outaouais par rapport aux autres régions du Québec quant au nombre de cas répertoriés. L’Outaouais se classe troisième, tout juste derrière la Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue.

Le partenariat entre le milieu policier et les différents organismes venant en aide aux victimes peut aussi expliquer ces données, croit Isabelle Plante. Elle rappelle malgré tout qu’au-delà du nombre d’interventions policières, il existe des femmes victimes de violence qui ne la dénonce pas. «Il doit y en avoir plus que ça qui ne parlent pas, qui sont dans l’ombre», note Mme Plante.

Selon elle, plus le nombre de dénonciations augmentera, plus le message passera.

La sécurité de la victime avant tout

Lorsqu’un policier est appelé à intervenir dans un cas de violence conjugale, le processus est sensiblement le même que dans d’autres cas, à quelques exceptions près. La compréhension et l’écoute sont d’autant plus importantes dans ces évènements.

«On rentre de façon hyper personnelle dans la vie des gens, explique Isabelle Plante, responsable de l’analyse et de la recherche en criminologie et prévention du crime au sein du Service de police de la Ville de Gatineau. La femme qui nous appelle pour dénoncer, elle-même fait un énorme pas.»

Et même si les policiers sont formés pour détecter les cas impliquant de la violence conjugale, elle rappelle qu’ils doivent tout de même gratter un peu. «Il y a une différence entre deux personnes qui se chicanent et parlent fort et de la violence conjugale», rappelle-t-elle.

Et alors que c’est la victime qui, dans certains cas, contacte le corps de police, dans d’autres cas c’est une tierce personne, un voisin par exemple, qui appellera les services d’urgence. À leur arrivée sur les lieux, les policiers vont rapidement séparer les deux parties. «Notre priorité, c’est de s’assurer de la sécurité de la victime.»

Dans plusieurs cas, les policiers devront tenter de faire comprendre à la personne qui subit la violence l’aspect positif de déposer une plainte contre son conjoint ou sa conjointe. «Souvent les femmes ne voudront pas porter plainte, par peur ou parce qu’elle aime encore leur conjoint», rappelle Isabelle Plante. Mais si les policiers ont en main des preuves, ils peuvent porter plainte, même si la victime ne le fait pas.

 Une fois qu’un cas est détecté, les policiers ont aussi le devoir de référer les victimes aux différents organismes d’aide, notamment au CAVAC, que l’infraction soit criminalisée ou non.

Il en va de même pour les cas de violence psychologique, qui ne peuvent être punis au niveau criminel, mais faire autant de dommage à la victime. Mais si le policier détecte quelque chose, il réfèrera la personne impliquée. «On ne laisse pas la femme toute seule dans le besoin», rappelle Isabelle Plante.

Une fois les évènements passés, les organismes du milieu viendront soutenir la victime durant le long processus judiciaire, puisque dans certains cas les femmes sont tentées de tout laisser tomber.

Et si les policiers doivent intervenir à plus d’une reprise à la même adresse, ils le feront, assure Mme Plante. «On va toujours être là pour soutenir la victime, parce qu’on comprend que la violence conjugale c’est spécial, que la femme est prise là-dedans.»

Elle ajoute par ailleurs qu’il n’existe pas de délais pour dénoncer la violence conjugale et qu’en tout temps, une victime peut se présenter au poste de police pour déposer une plainte si elle en ressent le besoin, même si les évènements datent d’il y a plusieurs années.

Au final, Mme Plante rappelle que la violence conjugale va au-delà des voies de fait et que les infractions relatives peuvent pratiquement faire le tour du Code criminel, du vol au harcèlement, en passant par la fraude, l’agression sexuelle, les menaces et dans des cas graves, la tentative de meurtre et le meurtre. «Dans l’imaginaire collectif, on dirait que les gens pensent à un coup de poing ou une gifle, mais ça va au-delà de cela», conclut-elle.

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