Les OSBL pour redorer l’image des lobbyistes?

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Contrairement à ce que le président de l’AQL, Mathieu Santerre, laisse croire dans un entretien avec Le courrier parlementaire le 8 avril 2016, les organismes d’action communautaire n’ont jamais prétendu vouloir créer deux catégories de lobbyistes, les «bons» et les «mauvais». Comme ils ne se reconnaissent pas comme des lobbyistes, comment pourraient-ils se catégoriser ainsi? Par ailleurs, quelles sont les similitudes entre une compagnie pétrolière et un organisme d’aide aux personnes immigrantes? C’est la question que nous posons lorsque nous demandons l’exclusion des organismes d’action communautaire du projet de loi. Mais pour l’AQL, la finalité des organismes d’action communautaire serait la même que celle d’une grande entreprise lorsqu’ils ont à rencontrer les décideurs.

Et pourtant, l’AQL a déjà eu l’occasion, lors d’une rencontre avec des représentantes du RQ-ACA, qu’elle avait d’ailleurs elle-même sollicitée, de prendre connaissance de la spécificité des organismes d’action communautaire. Les représentants de l’AQL avaient semblé, à ce moment, avoir bien saisi que l’influence exercée par ces regroupements de citoyens-nes pour améliorer le sort des populations n’était pas de même nature que celle déployée pour obtenir des subventions, des changements de lois, etc. au profit d’entreprises privées.

Il semble que cette mise au point n’ait pas eu d’impact sur les interventions publiques de l’AQL. Nous avons plutôt l’impression que son président, M. Santerre, a créé lui-même de nouvelles catégories (les bons et les méchants lobbyistes) afin de pouvoir se servir des OSBL pour redorer l’image des lobbyistes auprès de la population. Un sondage CROP effectué à la demande de l’Association québécoise des lobbyistes au printemps 2015 démontre d’ailleurs que 71 % des répondants avaient une opinion assez ou très défavorable des lobbyistes.

Monsieur Santerre affirme qu’advenant le cas où les OSBL seraient exclus de la loi, cette dernière serait bonne pour la poubelle puisqu’il est fondamental que tout le monde soit visé par la future loi. Pourquoi l’AQL tient-elle tant à ce que les représentations politiques que peuvent faire les organismes communautaires soient régies par la loi sur le lobbyisme? N’y a-t-il pas assez d’éléments qui justifient une réforme de cette loi en dehors de cette disposition? Il nous semble que l’actualité parle d’elle-même ces temps-ci. L’Association québécoise des lobbyistes devrait mettre ses énergies à faire bonifier les pouvoirs du commissaire plutôt que de prendre du temps à faire du lobbyisme contre les organismes communautaires.

Elle aurait aussi intérêt à se joindre au RQ-ACA pour exiger que la loi actuelle soit tout simplement appliquée auprès des vrais lobbyistes, en particulier par certains ministres, comme Sam Hamad, qui n’ont même pas eu le réflexe de vérifier si une entreprise est inscrite au Registre des lobbyistes. Quand on sait que seulement 1 % des entreprises sont inscrites à ce registre, il reste beaucoup de travail à faire.

Claudelle Cyr, présidente du Réseau québécois de l’action communautaire autonome

Source: Le Soleil

Crédits photo: phototèque Le Soleil