Objectif Emploi: le règlement entériné par le Conseil des ministres

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Une période de consultations de 60 jours aura ensuite lieu.

Le ministre Blais dit espérer pouvoir aller de l’avant avec le programme plus tard cette année, soit l’hiver prochain.

Celui-ci vise les personnes aptes à l’emploi qui formulent une première demande d’aide sociale – ils sont actuellement 17 000, selon M. Blais. Le tiers serait composé d’immigrants et les deux tiers de jeunes de moins de 35 ans.

Objectif Emploi comporte une bonification de leurs prestations, mais aussi deux obligations, a réitéré en conférence de presse M. Blais, qui était accompagné de deux de ses collègues, le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx et la ministre de l’Immigration Kathleen Weil.

Première obligation: accepter d’être convoqué en rencontre d’évaluation. Deuxièmement, choisir l’un des trois cheminements proposés, pour une durée de 12 mois. Le premier est un retour aux études ou pour obtenir une qualification professionnelle, le deuxième porte sur la recherche d’emploi et le troisième est un programme de développement d’habiletés sociales – pour ceux qui ne sont pas prêts au retour aux études ni à l’emploi, parce qu’ils combattent, par exemple, des problèmes comme la toxicomanie.

M. Blais estime qu’ils choisiront chacune de ces options dans une proportion de 40-40-20.

Pour le gouvernement, l’idée est d’offrir des incitatifs pour que ces nouveaux demandeurs d’aide sociale cessent d’avoir besoin de ces prestations de dernier recours. Une prime pouvant aller jusqu’à 260 $ est offerte.

Mais il y aura aussi des sanctions: en cas de non-participation, ils perdront la prime, à la deuxième offense, on enlève 56 $, à la troisième, 112 $, puis à la quatrième, on enlève 224 $.

Le but des pénalités n’est pas de les punir ni d’économiser de l’argent, a martelé le ministre Blais.

«Au contraire, l’idée, c’est que quand ils arrivent pour la première fois à l’aide sociale, c’est le meilleur moment pour leur donner un encadrement qu’ils n’auront peut-être pas par la suite».

Et puis, si la personne revient dans le parcours, «on efface tout», soutient le ministre et elle reprend tous ses droits et privilèges.

Par contre, M. Blais n’a toutefois pas fixé d’objectif d’un nombre de personnes qui quitteront l’aide sociale grâce à ce programme ni dans combien de temps le gouvernement espère les voir voler de leurs propres ailes.

«On n’a pas fait d’évaluation là-dessus. On pense que vraiment, c’est un outil important que l’on n’a pas pour améliorer leur situation. On verra ensuite qu’est-ce que ça donne comme résultat», a-t-il répondu au sujet de la durée.

Quant au nombre, il maintient que ce n’est pas parce qu’il est incapable de dire combien passeront à autre chose grâce à Objectif Emploi, mais plutôt, qu’il ne veut pas le faire.

«C’est que je ne veux pas vous le dire parce que, sincèrement, sincèrement, là, très clairement, il y a toutes sortes d’hypothèse là-dessus, mais il faut faire très, très, très attention. On va voir».

Il soutient que l’efficacité du programme sera évaluée «dans quelque temps».

Quant au Parti Québécois, il se questionne sur cette annonce de règlement faite entre la St-Jean et la fête du Canada. Un manque de transparence, juge le député péquiste Harold Lebel, porte-parole en matière d’emploi, de solidarité sociale et de lutte contre la pauvreté.

La consultation auprès de la population et des groupes communautaires devra se faire en juillet et en août, alors que beaucoup de ces groupes n’ont pas les fonds nécessaires pour fonctionner en période estivale, a-t-il indiqué au téléphone.

Son parti s’oppose d’ailleurs aux sanctions depuis le début et s’engage à les abolir une fois au pouvoir.

«Même le Conseil du patronat disait que couper dans le revenu de dernier recours, c’est un peu indécent quand les gens ont 600 $ par mois pour vivre», a-t-il fait remarquer.

Il est prévu qu’Objectif Emploi coûte environ 50 millions à l’État étant données l’augmentation des bonifications et la participation aussi à des programmes.

Il y a un peu plus de 400 000 Québécois bénéficiant des prestations d’aide sociale, selon le ministre Blais.

Paru dans La Presse

crédits photo: EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE

POUR LIRE LE COMMUNIQUÉ DU MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ SOCIALE