Manifeste des militantes du CÉAF contre le harcèlement de rue

harcelement

Qu’est-ce que le harcèlement de rue ?

  • Une forme d’agression sexuelle, commise quotidiennement par des inconnus et ciblant majoritairement des femmes, dans des lieux publics (rues, parcs, autobus, arrêts d’autobus, quais et wagons de métro, transport adapté, etc.).
  • Des propos ou des comportements sexistes, intrusifs, insistants et non-sollicités.
  • Contrairement au compliment, c’est dégradant et non-désiré.
  • Contrairement à la séduction, qui implique une relation égalitaire et un consentement, c’est une intrusion dans l’intimité. Ça crée un climat insécurisant et menaçant pour toutes les femmes, qui contribue à les exclure de l’espace public.

Des exemples

Klaxonner, suivre ou siffler une femme, la fixer/la déshabiller du regard, se frotter contre elle, lui lancer des insultes, des menaces, des remarques sur son apparence physique, des gestes ou commentaires à connotation sexuelle, des bruits de bisous.

Le harcèlement de rue n’est pas un fait isolé. C’est une manifestation concrète et quotidienne de la culture du viol.

La plupart des femmes en ont vécu. Leurs expériences sont généralement banalisées, tolérées, excusées, assimilées à des compliments ou à de la séduction.

Le harcèlement de rue n’a ni couleur, ni âge, ni classe sociale, ni nationalité, ni religion, ni frontière. Il s’inscrit dans le système patriarcal, qui est mondial.

Ce n’est pas une maladie mentale : c’est un choix délibéré. Ce n’est pas un phénomène culturel ou générationnel : c’est un comportement sexiste universel. Et ce n’est pas parce que « c’est moins pire à Montréal qu’ailleurs dans le monde » qu’il faut l’ignorer : nous voulons le combattre ici et maintenant, pour ne pas qu’il prenne d’ampleur!

Toutes les femmes sont ciblées, parce qu’elles sont des femmes.

Indifféremment de leur apparence, âge, habillement, heure ou lieu de sortie. De plus, à l’instar des autres formes de violences, les femmes autochtones, lesbiennes, handicapées, trans et racisées le subissent davantage. Et ça commence jeune : les adolescentes sont fortement visées par le harcèlement de rue.

Plusieurs femmes ont développé des stratégies contraignantes pour l’éviter.

Ne plus sortir après telle heure, éviter de se déplacer seule, modifier sa tenue vestimentaire pour passer inaperçue, changer d’itinéraire pour éviter tel lieu… Le harcèlement de rue est l’une des principales raisons expliquant leur insécurité à occuper l’espace public.

On justifie le harcèlement de rue en accusant les femmes de l’avoir provoqué.

En jugeant leur tenue vestimentaire, comportement, choix d’heure de sortie ou d’itinéraire. En exigeant ainsi des femmes qu’elles évitent les violences qui leurs sont faites, on occulte la responsabilité des harceleurs et on leur donne raison de continuer à commettre ces actes.

On fait porter aux femmes ciblées le poids de l’éradication du problème.

En considérant qu’il leur revient de le dénoncer et de se défendre lorsqu’elles se font harceler. Or, les nombreux témoignages de femmes ayant vécu du harcèlement de rue démontrent qu’il y a, derrière chaque exemple individuel, un problème social qui nécessite non pas des réactions individuelles, mais une riposte collective.

Toute la société à un rôle à jouer dans la lutte contre le harcèlement de rue.

Au-delà des mesures sécuritaires et de l’aménagement urbain, nous devons changer les mentalités sexistes! Le harcèlement de rue, comme toutes les autres violences sexistes, découle d’une idée largement véhiculée selon laquelle le corps des femmes serait à la disposition des hommes et soumis à leurs désirs. Mais les femmes ne circulent pas dans l’espace public pour plaire aux inconnus qu’elles croisent ou recevoir des opinions non-sollicitées au sujet de leur apparence.

C’est aux harceleurs de changer, pas aux femmes qu’ils agressent.

Harceler sexuellement une femme n’est pas une pulsion incontrôlable : c’est un choix délibéré. Parce que chacun est en mesure de garder ses opinions pour lui-même, contrôler ses envies et gérer ses comportements.

La dénonciation du harcèlement de rue et la répression policière ne suffisent pas.

Il faut miser sur l’éducation non-sexiste, déconstruire les mythes tenaces qui contribuent à banaliser le harcèlement de rue et à culpabiliser celles qui le subissent. Il faut responsabiliser les harceleurs face à leurs actes, ainsi que les témoins et l’ensemble de la population quant à leur rôle pour mettre fin au harcèlement de rue. Collectivement, il faut cesser de le tolérer, de l’excuser, de le banaliser et de le justifier.

Le harcèlement de rue nuit à l’atteinte de rapports égalitaires entres les sexes.

Dans une société égalitaire, l’espace public appartient à toutes autant qu’à tous. Tant que les femmes ne pourront pas y circuler aussi librement que les hommes, partout et à toute heure, sans subir de harcèlement de rue, l’égalité des sexes ne sera pas atteinte. Accéder librement aux espaces publics est un droit humain fondamental. Point final.

NI PROVOCANTES, NI IMPRUDENTES ! STOP AU HARCÈLEMENT DE RUE !

Le centre est en train de documenter le harcèlement de rue vécu par les femmes et les filles à Montréal via ce questionnaire à remplir en ligne. Merci de les partager!

Nous vous invitons également à aimer la page facebook Non au harcèlement de rue 

Pour retrouver le manifeste en version PDF, cliquer ici