Gerry Sklavounos ne sera pas accusé d’agression sexuelle envers Alice Paquet

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« Aucun acte criminel n’a été commis », conclut DPCP dans un communiqué diffusé jeudi matin.

 Alice Paquet avait déclaré publiquement, dans le cadre d’une manifestation à Québec, avoir été agressée par un député libéral, dont l’identité avait été révélée le lendemain.

 Gerry Sklavounos, qui a clamé son innocence, a par la suite été exclu du caucus libéral et par le fait même démis de ses fonctions de leader adjoint du gouvernement, poste qu’il occupait depuis 2014.

 L’élu de Laurier-Dorion a réagi sur Facebook, disant éprouver « satisfaction » et « soulagement ». « Dès le premier instant, j’ai maintenu mon innocence. […] Cette affaire maintenant close, je compte reprendre pleinement, et le plus rapidement possible, mes activités. ».

 Le DPCP a également précisé qu’avant de rendre publique sa décision de ne pas déposer d’accusation, « la plaignante a été rencontrée afin de l’informer du résultat de l’analyse du dossier et de lui expliquer les motifs qui sous-tendent cette décision ».

Alice Paquet maintient sa version

 En entrevue au Devoir, quelques heures après avoir appris la décision du DPCP, Alice Paquet s’est montrée très sereine. « Ils n’ont pas lâché, n’ont pas arrêté de me dire qu’ils me croyaient. Ils ont vraiment été super », a-t-elle dit au sujet des policiers de la Ville de Québec qui se sont occupés de son dossier. « Les enquêteurs avaient l’air surpris aussi [de la décision du procureur de la Couronne]. »

 La jeune femme n’en démord pas : elle affirme toujours que le député Sklavounos l’a agressée sexuellement. « Ce que j’ai vécu, de A à Z, c’est vrai. Et c’est ça qui est aberrant, c’est ce qui me choque », a-t-elle déclaré.

 Elle ne regrette pas d’avoir pris la parole publiquement. Mais elle se désole néanmoins des difficultés auxquelles les victimes font face quand elles dénoncent un agresseur.

 « Pour pouvoir aller avec ça en Cour, comme [les policiers] disaient, ça prendrait presque une caméra. Pour qu’il y ait des accusations, il faut quasiment que ce soit comme dans les films : tu prends quelqu’un dans la rue. C’est très compliqué », a-t-elle résumé.

 La notion du consentement a possiblement nui à son dossier, a-t-elle reconnu. « [Les policiers] savent très bien qu’il y a eu une relation sexuelle, mais ce qui est difficile avec le fardeau de la preuve, c’est quand tu ne sais pas si tu début jusqu’à la fin, c’était non consentant. Il faut être non-consentant de A jusqu’à Z, tandis que dans mon cas, ça partirait peut-être de B jusqu’à Z », a-t-elle illustré.

 Pour porter des accusations, le DPCP doit être convaincu de posséder un dossier qui puisse lui permettre de prouver la culpabilité de l’accusé en Cour. Ce fardeau de la preuve implique d’éliminer tout doute raisonnable sur l’innocence de l’accusé.

 Retour prochain pour Sklavounos?

 De son côté, Gerry Sklavounos a toujours maintenu son innocence. Il est « très soulagé » de la décision du DPCP et « compte revenir à l’Assemblée nationale », a annoncé la présidente du caucus libéral, Nicole Ménard. Elle a affirmé du même souffle que ses confrères et ses consoeurs étudieront la possibilité de réintégrer le député dans le caucus libéral. « La semaine prochaine, il y aura des discussions au caucus », a-t-elle répété.

 « Est-ce qu’il doit être réintégré au caucus ? Ça, c’est une question qui doit être débattue en caucus », a ajouté le ministre Pierre Moreau, après avoir convenu que la décision du DPCP de ne pas porter d’accusations constitue « une bonne nouvelle » pour l’élu de Laurier-Dorion.

 Le PQ et QS restent solidaires d’Alice Paquet

 « Le système judiciaire, le système policier ne sont pas adaptés pour permettre clairement à notre société [de] mettre fin aux violences sexuelles », a fait valoir l’élue solidaire Manon Massé, quelques minutes à peine après avoir pris connaissance de la décision du DPCP.

 Mme Massé a salué le « courage » démontré par Alice Paquet au fils des derniers mois. « Bien sûr que je la crois », a-t-elle attesté dans un point de presse. La co-porte-parole de Québec solidaire invite d’ailleurs Gerry Sklavounos à se demander au cours des prochaines heures s’il est « encore digne de représenter les hommes et les femmes » de la circonscription de Laurier-Dorion à l’Assemblée nationale.

 Même si le DPCP a blanchi Gerry Sklavounos, la whip du Parti québécois, Carole Poirier, demeure solidaire de la plaignante Alice Paquet. « Une femme qui prend la parole pour dire qu’elle a subi des sévices, quels qu’ils soient, qu’elle a été violentée, bien, je vais lui témoigner ma solidarité », a affirmé la députée dans une mêlée de presse. « Il y a tellement de femmes qui ne parlent pas, [à] celles qui parlent, on va leur donner notre solidarité. »

 Carole Poirier a exigé du chef du PLQ, Philippe Couillard, et de son whip Stéphane Billette qu’ils soumettent le cas de Gerry Sklavounos à la procédure prévue par l’Assemblée nationale dans sa politique pour contrer le harcèlement au travail. Cette procédure viserait non pas la plainte d’Alice Paquet, mais certains comportements allégués qu’aurait eus le député avec des membres du personnel de l’Assemblée nationale.

Annonce paru sur Le Devoir 

crédits photo: Jacques Boissinot