L’itinérance au féminin, un problème en croissance en Estrie

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Si l’itinérance au féminin est souvent moins visible, les besoins sont grands et les ressources pour soutenir les femmes sont souvent limitées.

Il est difficile de d’estimer le nombre de femmes qui vivent en situation d’itinérance en Estrie, aucun dénombrement n’a été fait. Toutefois, les statistiques des ressources d’hébergement révèlent que 306 femmes ont été accueillies, et 1080 hommes en 2015-16.

« De façon générale, les femmes fréquentent peu les ressources et on les voit peu dans la rue. Certaines femmes vivent dans des logements surpeuplés, insalubres ou inadéquats. D’autres déménagent d’un ami à l’autre, parfois en échange de services, dont les faveurs sexuelles », explique Marie-Ève Rheault.

La nouvelle stratégie régionale de l’Estrie est basée sur une étude menée au printemps dernier auprès d’une soixantaine de femmes itinérantes et d’autant d’intervenants sociaux. La démarche visait à mieux comprendre leurs besoins et leur utilisation des ressources en place.

Menée au printemps 2016, cette étude démontre que la majorité des femmes interrogées sont en situation de précarité et que les ressources d’hébergement sont insuffisantes. Ces femmes sont aussi plus à risque d’être victime d’abus et de violence.

« Ce qu’on constate depuis quelques années, c’est que leur nombre augmente. De plus en plus de femmes vivent en situation d’itinérance. Elles vivent beaucoup de violence et elles ont besoin de ressources qui tiennent compte de leur vécu », explique Marie-Ève Rheault, agente de développement à ConcertAction Femmes Estrie.

« Une des distinctions majeures de l’itinérance des femmes réside dans son caractère caché. Pour leur sécurité, les femmes à la rue tentent de passer inaperçues et de dissimuler leur vulnérabilité pour ne pas s’attirer d’ennuis. » – Extrait de l’étude sur les besoins des femmes itinérantes de l’Estrie.

Des pistes de solution

Un centre d’hébergement pour les femmes itinérantes est réclamé à Sherbrooke par plusieurs d’entre elles, tout comme l’accès à des ressources d’aide dans un milieu non mixte.

Pour le moment, il existe une alternative d’hébergement d’urgence pour cette clientèle, sept nuits par mois, toutefois. « Il n’y a pas d’hébergement de transition ou de réinsertion présentement pour femmes. Il y a un manque flagrant ici en Estrie », précise Marie-Ève Rheault.

La stratégie régionale vise à mettre en place une série d’actions dans le but de rendre les ressources plus accessibles aux femmes itinérantes et à mieux répondre à leurs besoins. La Table itinérance de Sherbrooke, qui représente une trentaine d’organismes, a participé à l’élaboration de cette stratégie.

Comme exemple de projet, ConcertAction Femmes Estrie organise une collecte de cellulaires usagés. Ceux-ci permettraient à cette clientèle vulnérable d’avoir accès rapidement à une ligne d’urgence.

Il est possible de déposer vos vieux téléphones à la boutique t.a.f.i., ainsi qu’à la Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke.

Paru sur ici.radio-canada

crédits photo: Radio-Canada