Elle a la «taxe rose» dans sa mire

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Une consommatrice a déposé mardi une demande de recours collectif contre huit détaillants pour mettre fin à la «taxe rose» qui rend les shampooings, savons, crèmes à raser et rasoirs plus chers pour les femmes que pour les hommes.

«C’est de la discrimination envers les femmes. C’est une pratique qui s’est toujours faite, mais qu’on ne peut pas continuer de tolérer afin d’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes», soutient Aviva Maxwell, l’instigatrice du recours.

Mme Maxwell a récemment remarqué en magasinant avec ses frères que les formats des produits féminins étaient souvent plus petits, pour le même prix qu’un produit équivalent masculin.

La mère de trois enfants s’est notamment procuré un déodorant pour femme de marque Degree Motion Sense au prix de 3,44 $ pour un format de 48 grammes. Elle a aussi acheté le produit équivalent pour homme Men Degree Motion Sense. Le prix était le même, mais le format était de 76 grammes. La liste des ingrédients était pourtant semblable.

Pratique à changer

Le produit féminin a donc coûté sept sous par gramme tandis que le produit masculin était à quatre sous par gramme. «Les femmes commencent à remarquer qu’en comparant les prix, elles se font avoir. C’est le temps de changer cette pratique commerciale», mentionne l’avocat responsable du dossier, Micheal Simkin.

Le recours vise spécifiquement la marque Unilever Canada, qui possède une variété de marques de produits de beauté comme Dove et Axe ainsi que les commerces Pharmaprix, Jean Coutu, Uniprix, Metro, Loblaws, Walmart et Familiprix.

Le recours demande un remboursement pour le montant payé en trop, soit 1,27 $, en plus de 50 $ en dommage moral pour la «discrimination basée sur le sexe» et un autre 50 $ en dommages punitifs pour «corriger et changer les pratiques de l’industrie», insiste Me Simkin, de la firme Legal Logik.

« Mêmes opportunités »

L’avocat croit que si la demande de recours est autorisée, la réclamation totale pourrait s’élever à plusieurs millions de dollars, en demandant 100 $ par personne touchée.

«Je veux que mon fils et mes filles puissent savoir que l’argent qu’ils vont gagner aura la même valeur, qu’ils auront les mêmes opportunités sur le marché», ajoute Mme Maxwell.

Par ailleurs, Projet Montréal compte déposer une motion lors du prochain conseil municipal afin d’interdire cette pratique. Dans la même veine, la taxe sur les produits hygiéniques féminins a récemment été abolie tant au fédéral qu’au provincial.

Jean Coutu, Metro, Loblaws, Uniprix n’ont pas voulu commenter et les quatre autres entreprises n’ont pas rappelé Le Journal.

LE PRIX SELON LE SEXE

Le Journal a parcouru les allées de trois grandes chaînes: Pharmaprix, Jean Coutu et Walmart, pour comparer les prix de produits «masculins» et «féminins» incluant d’autres marques que celle visée par la poursuite. Résultat: les produits «roses» sont généralement plus chers ou plus petits que leur version régulière.

Paru sur Le Journal de Montréal 

crédits photo: photo courtoisie