Le Canada verse 20 millions $ pour contrer le décret anti-avortement de Donald Trump

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Des femmes originaires du Pakistan, de Colombie et du Mali ont expliqué les conséquences d’être privées d’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive, alors que Donald Trump a décrété une interdiction d’allouer des fonds fédéraux aux ONG étrangères soutenant l’avortement.

«Je pense que la décision de l’administration Trump est une mauvaise décision. Et je n’ai vu aucune preuve qui soutienne cette décision», a déclaré le vice-Premier ministre belge et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, en ouvrant la conférence des donateurs «She Decides» («Elle décide»).

Annoncée sous la présidence du président républicain Ronald Reagan en 1984, la politique anti-avortement remise en vigueur par Donald Trump prévoit que les fonds fédéraux d’aide internationale ne peuvent être alloués à des ONG étrangères qui pratiquent l’avortement ou militent pour rendre l’avortement légal. Le manque à gagner pour ces ONG est estimé à 600 millions d’euros (840 millions $ ), selon les Pays-Bas.

LE CANADA DONNE 20 MILLIONS $

Le Canada débloque 20 millions $ pour contrer le décret anti-avortement de Donald Trump, a confirmé jeudi à Bruxelles la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau.

«La santé et les droits sexuels et reproductifs sont un droit fondamental. Toutes les femmes ont le droit de choisir si elles veulent des enfants et combien, et à quel moment elles les auront», a affirmé la ministre Bibeau dans une déclaration écrite transmise jeudi.

«Le renforcement socioéconomique des femmes et des filles partout dans le monde commence par leur droit d’exercer le plein contrôle sur leur corps», a ajouté Mme Bibeau.

Selon le ministère canadien, environ 830 femmes meurent chaque jour dans le monde des suites de complications liées à une grossesse ou à un accouchement.

LA SUÈDE ENCORE PLUS GÉNÉREUSE

«Les représentants de plus de 45 gouvernements de tous les continents et plus de 400 participants issus de parlements et de la société civile ont exprimé leur soutien aux droits des femmes. Ils ont levé 181 millions d’euros pour l’Initiative globale de levée de fonds +She Decides+», a indiqué le ministère belge des Affaires étrangères à l’issue de la réunion.

Des pays ont annoncé des apports de plusieurs millions d’euros (21 pour la Suède, 10 pour la Belgique, le Danemark ou encore les Pays-Bas), tandis que d’autres, dont la France et le Royaume Uni, ont demandé un délai supplémentaire, tout en réitérant leur engagement en faveur des droits des femmes.

Organisée conjointement par la Belgique, la Suède, les Pays-Bas et le Danemark, cette conférence est un «formidable événement» mais il ne doit pas être «isolé», a estimé la ministre néerlandaise à la Coopération, Lilianne Ploumen.

«Nous continuerons (à soutenir) +She Decides+ dans les années à venir», a-t-elle promis.

«Nous sommes sur une voie positive dans le monde mais, malgré cela, toutes les deux minutes, une femme ou une fille meurt en raison d’une grossesse», a souligné son homologue suédoise, Isabella Lövin.

«Deux millions de filles accouchent avant l’âge de 15 ans. 62 millions de filles ne vont pas à l’école, beaucoup d’entre elles parce qu’elles sont déjà mères ou mariées (…). Ces femmes et ces filles n’ont pas besoin de moins de soutien. Elles ont besoin de plus de soutien», a-t-elle ajouté.

Au lendemain de l’investiture de Donald Trump, des millions de femmes aux États-Unis et dans le monde avaient défilé pour dénoncer le programme sur lequel le milliardaire avait été élu et défendre notamment le droit à l’avortement ou les droits civiques.

Paru sur le Journal de Montréal 

crédits photo: AFP