8 raisons pour lesquelles on a encore besoin du féminisme au Québec en 2017

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Cette phrase, on l’entend souvent. Après tout, les femmes peuvent aller à la taverne, elles peuvent travailler dans tous les domaines, signer leurs propres chèques ou se lancer en politique. De leur côté, les hommes font maintenant la vaisselle et c’est bien d’eux qu’on rit à gorge déployée dans toutes les publicités, non? Alors pourquoi aurait-on encore besoin d’un mouvement qui vise l’équité homme/femme?

Parce que l’égalité n’est pas atteinte pour autant. En effet, comme l’avouent 70% des Canadiens, les inégalités hommes/femmes existent toujours, selon les données récoltées par Ipsos Reid et diffusées hier. 

En cette Journée internationale des femmes, voici donc 8 preuves que l’égalité, tant souhaitée, n’est pas encore atteinte aujourd’hui:

1. LE PLAFOND DE VERRE

Même si les femmes ont su s’imposer sur le marché du travail, un plafond de verre les tient toujours à l’écart des plus hauts niveaux décisionnels de la société. À titre d’exemple, en 2017, les femmes sont toujours peu nombreuses à siéger à un conseil d’administration.

2. L’ÉQUITÉ SALARIALE

L’équité salariale est aussi encore loin d’être réglée, comme l’ont soutenu plus d’une fois les parlementaires à la Chambre des communes: «Le taux de pauvreté chez les mères célibataires et les femmes âgées ne cesse de croître et les femmes ne gagnent toujours que 77 % de ce que gagnent leurs homologues masculins».

3. LE DÉBAT SUR L’AVORTEMENT ET LE LIBRE-CHOIX

On pense que c’est un droit acquis depuis plus d’un quart de siècle, et pourtant… Avant d’être défait aux dernières élections, un député conservateur d’arrière-ban, Stephen Woodworth, avait déposé une motion à la Chambre des Communes visant à limiter le droit à l’avortement.

La ministre de la Condition féminine de l’époque, la conservatrice Rona Ambrose, avait voté en faveur de la motion qui souhaitait donner le statut d’être humain au foetus dans le Code criminel.

Et que dire du décret contre l’avortement signé par Donald Trump entouré seulement d’hommes?

Un événement qui nous rappelle que le libre-choix est loin d’être assuré, même sur le continent nord-américain. 

4. LA VIOLENCE SEXUELLE ET LA CULTURE DU VIOL

En octobre dernier, à la suite de nombreuses agressions sexuelles survenues sur le campus de l’Université Laval, à Québec, des milliers de femmes et d’hommes sont sorties dans les rues de différentes villes de la province pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes et la culture du viol.

Rappelons également qu’il y a deux ans, dans la foulée de l’affaire Jian Ghomeshi, cet ex-animateur vedette de la CBC qui a subi un long procès à Toronto, de nombreuses femmes ont révélé sur Twitter avoir été victimes d’agressions sexuelles utilisant le mot-clic #AgressionNonDenoncée. 

Ce mouvement de dénonciation sans précédent rappelle l’étendue du phénomène de la violence sexuelle faite aux femmes au sein de nos sociétés.

5. LA VIOLENCE CONJUGALE

Si les hommes en souffrent également, les femmes représentent encore 80% des victimes de violence conjugale au Québec. Et depuis plusieurs années, les statistiques ne s’améliorent pas…

6. LE HARCÈLEMENT SEXUEL

En février dernier, le député Gerry Sklavounos a été blanchi des allégations d’agression sexuelle qui pesait contre lui, mais il a été montré du doigt pour son comportement inadéquat à l’égard de membres du personnel politique. Le député a été exclu du caucus libéral et a dû s’engager à suivre une formation sur le harcèlement.

Toute cette affaire a démontré que si le harcèlement sexuel était encore bien présent au Québec, le niveau de tolérance des femmes était en train de baisser, et «qu’il devrait être d’à peu près zéro», selon la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Hélène David.

L’an dernier, une autre affaire, impliquant cette fois Marcel Aubut, avait déjà rappelé aux Québécois que la loi du silence semble régner quand il est question d’harcèlement sexuel..

7. LES FEMMES EN POLITIQUE

Même aujourd’hui, la politique demeure un monde essentiellement masculin. La preuve: des 125 sièges à l’Assemblée nationale, 36 seulement sont occupés par des femmes (29% de la députation). Cette semaine d’ailleurs, l’entourage de la ministre responsable de la Condition féminine, Lise Thériault, a annoncé ne pas fermer la porte à l’adoption d’une loi qui obligerait les partis provinciaux à présenter au moins 40 % de femmes parmi leurs candidats lors d’une élection. À suivre.

8. LES FEMMES AUTOCHTONES DISPARUES ET DISCRIMINÉES

Si toutes les statistiques concernant les agressions sexuelles sont effrayantes, une démontre à quel point les femmes autochtones sont doublement victimes: plus de 75 % des jeunes filles autochtones âgées de moins de 18 ans ont été victimes d’agression sexuelle.

De plus, la GRC a établi que quelque 1200 femmes et filles autochtones ont été assassinées ou ont été portées disparues au Canada de 1980 à 2014. Bien qu’elles ne constituent que 4 % de la population féminine du Canada, les femmes autochtones représentent 16 % des femmes assassinées au pays. Après plusieurs années d’indifférence générale, le gouvernement de Justin Trudeau a finalement lancé une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées en août dernier.

Paru sur Le Journal de Montréal