Trois-Rivières, le 8 mai 2014 – Un nouvel outil d’intervention facilite l’introduction du sujet de la violence conjugale pour les intervenants et leur permet de mieux agir en prévention et sensibilisation auprès de la clientèle. L’outil intitulé « Une image vaut mille maux » est un projet novateur qui recourt à l’illustration, un langage partagé par tous, et qui est traduit en quatre langues – français, anglais, espagnol et arabe – afin de mieux répondre aux besoins de la clientèle allophone du territoire. La conception de cet outil est une initiative du comité des intervenantes désignées en violence conjugale (IDVC) du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Trois-Rivières.
L’outil se déploie sous la forme d’un boîtier qui contient quinze images illustrant des contextes de violence conjugale et de saines relations de couple. Chacune des images est appuyée par un court texte pouvant susciter une prise de conscience. Ces supports visuels sont conçus de façon à faciliter les échanges entre les intervenants et la clientèle ainsi que la compréhension des comportements et des attitudes à la base d’une saine relation de couple. Il s’agit d’un outil complémentaire à l’intervention psychosociale qui peut être utilisé avec les personnes victimes de violence conjugale, avec leurs proches ou avec la personne dominante. De plus, les intervenants n’hésiteront pas à référer les personnes à l’une des ressources disponibles dans la communauté, de façon à répondre le mieux possible à leurs besoins.
« Le thème de la violence conjugale renvoie souvent à l’image de la femme battue par son mari. Cependant, il existe bien d’autres formes de violence conjugale. Elle peut être verbale, psychologique, physique, sexuelle, économique ou sociale. Elle vise toutes personnes, quels que soient le sexe, l’âge, la classe sociale ou le niveau économique et peut se retrouver chez des conjoints, des ex-conjoints ou dans des relations amoureuses. La violence conjugale compromet l’intégrité de la personne et se traduit entre autres par du contrôle, de la domination ou de l’intimidation. L’intervention auprès de la victime de violence conjugale vise à estimer les risques pour elle et son entourage, assurer sa sécurité, l’amener à conscientiser les impacts de sa relation et à reprendre du pouvoir», explique Mme Josée Trudel, spécialiste en réadaptation psychosociale et coordonnatrice des intervenantes désignées en violence conjugale au CSSS de Trois-Rivières.
Sur cette image de l’outil « Une image vaut mille maux », on voit une femme à l’intérieur de sa maison, regardant dehors à travers une fenêtre recouverte de barreaux. À l’extérieur, une amie frappe à la porte qui est cadenassée. Dans l’entrée de la cour, on aperçoit la voiture de la femme clouée au sol par un sabot de Denver. La femme exprime son sentiment de détresse : « Je me sens coupée du reste du monde. Il m’a emprisonné dans ma propre maison. » Un intervenant pourrait notamment utiliser cette image pour introduire les façons dont un conjoint peut tenter de contrôler l’environnement social de sa femme, par exemple en lui faisant vivre de l’isolement.
Un outil adapté aux besoins de la clientèle et facilitant l’intervention
Outre le défi de repérage de la violence conjugale pour les intervenants, il est également difficile pour les personnes vivant au cœur de cette dynamique d’identifier les comportements violents dont ils sont l’auteur ou la victime. Mme Trudel souligne : « Le défi est relevé d’un cran, pour nous, les intervenants, dans le contexte interculturel qui fait maintenant partie de notre réalité quotidienne. La langue représente parfois un obstacle supplémentaire et les valeurs diffèrent selon les communautés. C’est pourquoi nous avons décidé de recourir à l’image comme moyen de communication universel et de traduire les textes en quatre langues. »
Pour concevoir un outil centré sur les besoins de la clientèle et des intervenants, un comité a été formé avec les partenaires de la communauté œuvrant auprès d’une clientèle interculturelle et en violence conjugale. Le comité d’IDVC s’est allié des représentants de l’Office municipal d’habitation (OMH) de Trois-Rivières, du Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de Trois-Rivières, ainsi que des maisons Le FAR et De Connivence pour la réalisation de l’outil. Il a également bénéficié du soutien de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Mme Trudel ajoute : « Les efforts investis pour la conception de cet outil ont conduit à un produit final qui devrait être grandement apprécié des utilisateurs. Son concept est intéressant pour la clientèle, facile à utiliser et très enrichissant dans la cueillette d’information pour l’intervenant. Nous aspirons à ce que l’outil soit utilisé par les intervenants des différents milieux de façon à offrir des services encore plus adaptés aux besoins des usagers. » Déjà, l’outil sera distribué à l’ensemble des CSSS et ressources d’hébergement de la Mauricie et du Centre-du-Québec, de même qu’à dix organismes communautaires.
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