Femme violentée

À notre connaissance, il n’existe pas de définition du terme « femme violentée » qui s’inscrive dans une perspective globale et féministe. Ainsi, la FMHF a élaboré et adopté la définition suivante. Celle-ci a été développée en co-construction avec ses maisons membres et elle s’enracine dans un large travail de réflexion amorcé en 2015, s’appuyant sur un ensemble d’observations, de processus de recherche, de réflexions et sur la parole des femmes accompagnées par les maisons d’hébergement.

Ainsi, le terme « femme violentée » réfère à une femme vivant ou ayant vécu de la violence sexospécifique au cours de sa vie. Il tient compte des violences interpersonnelles dont la femme a pu être victime (violence sexuelle, violence physique, violence psychologique, contrôle coercitif, exploitation sexuelle, etc.), tant dans la sphère publique que privée. Cette violence peut avoir été exercée par un conjoint, un partenaire intime, un ex-conjoint, un ami, un membre de la famille, un membre de la communauté, un colocataire, un proxénète, etc.

Cette violence a donc été exercée dans différents contextes tels que celui de la violence conjugale, de la violence familiale, de la traite, de l’exploitation sexuelle, de la violence «justifiée» sur l’honneur, d’agressions à caractère sexuel, etc.

LE TERME « FEMME VIOLENTÉE » TIENT ÉGALEMENT COMPTE :

• Des violences institutionnelles et structurelles qui ont limité le pouvoir d’agir de la femme pour assurer sa propre sécurité et fuir une situation de violence (contrainte sur sa liberté d’action).

• Des conséquences de l’ensemble de ces violences, qui s’inscrivent dans le continuum des violences envers les femmes et qui peuvent contribuer à la revictimisation de celles-ci.

De ce fait, l’expérience de vie des femmes est globale et indivisible. Il n’est pas possible d’accompagner une femme violentée pour un enjeu en particulier sans tenir compte de l’ensemble de son vécu. Or, la manière dont sont actuellement élaborés les plans d’action et avec laquelle les services sont organisés dans le secteur de la santé et des services sociaux invite à traiter les enjeux en silo, ce qui contribue à revictimiser les femmes souhaitant quitter une situation de violence et à marginaliser davantage certains groupes de femmes.

Cette réalité pose également des enjeux de sécurité, mettant en danger les femmes et les enfants qui ne cadrent pas avec les catégories déterminées par ces services. Afin de tenir compte de l’ensemble du parcours de vie des femmes et de leurs enfants, ainsi que d’assurer la sécurité de toutes les femmes, les maisons membres de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) travaillent dans une perspective féministe intersectionnelle et globale. Elles accueillent et accompagnent les femmes violentées et leurs enfants qui ont besoin d’un hébergement d’urgence ou transitoire. Les maisons membres de la FMHF contribuent ainsi à la sécurité de l’ensemble des femmes victimes de violence ainsi qu’à la prévention des féminicides pouvant se produire dans tout contexte de violence sexospécifique.

Les femmes violentées vivent des conséquences des violences vécues et elles déploient de nombreuses stratégies de survie pour y faire face. Que ce soient des enjeux de santé mentale, d’itinérance ou d’utilisation de substances psychoactives, toutes ces manifestations doivent être mises en lien avec les violences vécues. Elles doivent être comprises comme des conséquences et stratégies de survie dont il faut tenir compte dans l’accompagnement, plutôt que comme des problématiques individuelles.