Le contrôle coercitif est un ensemble de comportements qui dépasse les actes physiques et verbaux pour englober des stratégies de domination exercées par un agresseur sur sa victime. Le contrôle coercitif souligne la nature permanente, cumulative et répétitive de geste violents, où l’agresseur cherche à contrôler différents aspects de la vie de la victime par des règles explicites ou implicites qui micro-régulent son quotidien, créant ainsi un climat de peur et de dépendance. Il engendre une privation des droits fondamentaux, tel le droit à la liberté, à l’autonomie et à la dignité.
Caractéristiques du contrôle coercitif :
- Stratégies de domination et de contrôle
Le contrôle coercitif s’exprime par un modèle complexe de stratégies déployées pour isoler la victime et la maintenir dans un état de soumission et de dépendance. Ces stratégies incluent, entre autres :
- L’interdiction ou la restriction des activités quotidiennes de la victime, telles que ses déplacements, ses contacts sociaux ou son emploi ;
- La surveillance constante de ses faits et gestes, y compris de ses interactions sociales et de ses communications personnelles ;
- Le contrôle économique, par exemple en limitant l’accès aux ressources financières ou en empêchant la victime de travailler ou, plus largement, d’avoir une indépendance économique ;
- La violence psychologique, qui inclut la manipulation, l’humiliation, l’intimidation et l’isolement social.
- La dynamique de peur et de tension
L’agresseur cherche à imposer une atmosphère de tension constante où la victime vit dans la crainte permanente de violences, de menaces ou de représailles.
- Un continuum de violence
Le contrôle coercitif n’est pas un ensemble d’incidents isolés mais plutôt un continuum de violence qui est construite progressivement et de manière intentionnelle, avec un effet cumulatif qui fragilise peu à peu la victime.
- Une privation des droits fondamentaux
Le contrôle coercitif constitue une privation des droits humains fondamentaux, notamment le droit à la liberté, à la sécurité, à l’autonomie et à la dignité. L’agresseur, en instaurant un contrôle absolu sur la vie de la victime, la prive de sa liberté personnelle et lui impose des conditions à respecter.
Le concept de contrôle coercitif met l’accent sur la domination psychologique, l’isolement et le contrôle systématique exercé par l’agresseur, plutôt que sur des actes de violence isolés. Il s’agit d’une forme de violence insidieuse et prolongée, souvent invisible, qui a des répercussions profondes sur les victimes, notamment au niveau de leur autonomie, de leur liberté et de leur santé mentale.
Le contrôle coercitif s’inscrit dans un contexte où les inégalités de pouvoir entre les genres sont profondément ancrées. Ce déséquilibre de pouvoir génère une vulnérabilité accrue des femmes face à la violence, rendant plus difficile leur autonomie et leur liberté d’action. Ignorer cet aspect genré dans l’analyse du contrôle coercitif, c’est risquer de sous-estimer l’ampleur des violences à laquelle sont soumises les victimes, en particulier les femmes. La reconnaissance de ces rapports inégaux permet d’identifier plus précisément les stratégies de domination et de coercition utilisées pour maintenir l’inégalité de pouvoir et la soumission des victimes, peu importe le contexte.
- Relations intimes : Entre partenaires et ex-partenaires, le contrôle coercitif se manifeste souvent par des techniques de manipulation, telles que l’isolement de la victime, la surveillance de ses activités, une micro-régulation de son quotidien et l’imposition de restrictions sur ses interactions sociales. Les victimes peuvent également subir des menaces qui créent un climat de peur.
- Contexte familial : Au sein de la famille, le contrôle coercitif peut impliquer des abus de pouvoir d’un membre sur les autres, se manifestant par des comportements intimidants, des manipulations émotionnelles, ou en contrôlant l’accès aux ressources familiales, comme l’argent, le temps et les tâches.
- Exploitation sexuelle : Dans le cadre de l’exploitation sexuelle, le contrôle coercitif se présente sous forme d’un ensemble de stratégies manipulatrices et oppressives déployées par l’agresseur pour maintenir sa victime sous domination, en l’empêchant de se libérer de la situation. Ces stratégies vont bien au-delà des violences physiques ou sexuelles elles-mêmes et incluent des formes de manipulation psychologique, de menace, de dépendance économique, de contrôle des déplacements et des communications, ainsi que d’isolement social. L’agresseur cherche à instaurer un climat de peur, à briser la capacité d’agir de la victime et à l’empêcher de chercher de l’aide ou de s’échapper, souvent en l’intimidant par des menaces envers elle-même ou ses proches.
- Contexte sectaire : Dans un cadre sectaire, le contrôle coercitif se réfère à un ensemble de stratégies et de techniques utilisées par l’agresseur pour influencer, manipuler, dominer et contrôler les membres d’un groupe, souvent dans le but de maintenir l’autorité, l’engagement et la loyauté.
Peu importe le contexte, les conséquences du contrôle coercitif sont profondément traumatisantes chez les femmes, entraînant des conséquences comme la dépression, l’anxiété ou des troubles de stress post-traumatique.