À Montréal, le 24 janvier 2022 — C’est avec consternation que La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) apprend le décès d’une femme en situation d’itinérance, dans la nuit du 20 janvier au 21 janvier 2022, à Montréal.
Il est socialement inacceptable qu’encore aujourd’hui, de nombreuses femmes se retrouvent sans logis et, par conséquent, voient leur sécurité physique et psychologique compromise. Lorsqu’il est question d’itinérance, les femmes sont encore malheureusement sous-représentées dans le portrait de la situation, car la spécificité de l’itinérance au féminin n’est pas prise en compte. Bien qu’elles soient peu visibles et moins présentes dans les ressources d’hébergement mixtes, elles sont nombreuses à vivre des situations d’itinérance cachée souvent liées à un lourd passé de violences vécues. Les ressources d’hébergement mixtes ne sont pas adaptées entre autres parce que, pour beaucoup de ces femmes, la peur de rencontrer un ex-agresseur ou de vivre une nouvelle agression est trop grande.
Les ressources d’hébergement pour femmes, quant à elles, ont souvent un taux d’occupation qui avoisine les 100%, les places sont insuffisantes et de nombreuses femmes se voient refuser un hébergement au moment où elles en ont le plus besoin, malgré un rehaussement de leur financement qui permet de consolider pour l’heure leurs services mais non de construire de nouvelles maisons.
La FMHF tient à réitérer le lien étroit entre itinérance et violences, en effet celle-ci est rarement comprise dans le continuum des violences faites aux femmes. Pourtant elle est souvent le résultat d’une sortie de relation de violence exercée par un partenaire intime, un proxénète, un trafiquant, un agresseur souvent du milieu familial. En plus des violences vécues, ces femmes voient souvent plusieurs de leurs droits fondamentaux bafoués, tel que relaté dans le rapport de recherche intitulé Violence faite aux femmes de la part de partenaires intimes et itinérance : mieux comprendre pour intervenir de façon concertée :
Les participantes ont vécu différentes expériences de violences au cours de leur vie, violences qui tantôt n’ont pas été reconnues, tantôt ont insuffisamment fait l’objet d’intervention permettant d’assurer leur sécurité et la stabilité de leurs conditions de vie.
Plusieurs femmes vivent également des violences liées à leur situation d’itinérance. C’est d’ailleurs ce qu’indique le document Dossier Noir. Femmes, Logement et Pauvreté :
Les femmes en situation d’itinérance développent divers « mécanismes de survie » pour éviter de se retrouver à la rue : être hébergées temporairement chez des parents ou amiEs, échanger des services sexuels contre de l’hébergement ou endurer des situations de violence par manque d’endroits où se reloger.
La FMHF est d’avis qu’il est plus qu’essentiel de pouvoir offrir à toutes ces femmes violentées, qu’elles soient en contexte conjugal, familial, d’exploitation/agression sexuelle, de violences basées sur l’honneur ou autre, des services qui leur permettent de mettre un terme à ces violences et d’assurer la reprise de pouvoir sur leur vie en favorisant d’abord leur sécurité tant physique que psychologique.
Ce triste événement nous rappelle l’importance de bâtir un réseau de soutien solide pour ces femmes. Un réseau pouvant leur offrir un hébergement d’urgence au moment même de la sortie d’une situation de violence ou à risque, mais également de l’hébergement à moyen et long terme ainsi que des services qui tiennent compte des violences qu’elles ont vécues.
Sans le développement de maisons d’hébergement pouvant accueillir toutes les femmes violentées, sans maisons de deuxième étape et sans logement social avec soutien communautaire, il sera impossible d’assurer collectivement la sécurité de ces femmes ayant vécu dans un continuum de violences et ce, souvent depuis l’enfance.
Nous ne pouvons penser à l’éradication de la violence envers les femmes sans pouvoir répondre adéquatement aux besoins en matière de droit au logement, comme le prouvent les liens préétablis et étudiés entre ces violences et l’itinérance ainsi que le besoin de développement de maisons d’hébergement d’urgence et de deuxième étape pour femmes violentées. Les enjeux sont grands. Cette lutte s’inscrit dans l’éradication de toute violence envers les femmes et les filles. La réponse se doit d’être à la hauteur des besoins de toutes les femmes violentées avec ou sans enfants.
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CONTACT MÉDIA : Elisabeth Viens Brouillard | 514 233 8256 | eviens-brouillard@fede.qc.ca
À PROPOS DE LA FMHF :
La FMHF représente 36 maisons d’hébergement au Québec qui hébergent chaque année près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants, victimes de violences conjugale et familiale, de traite et de violences basées sur l’honneur, d’agressions et d’exploitation sexuelles, etc. Elles répondent à plus de 50 000 appels et assurent plus de 175 000 suivis individuels. Elles soutiennent, via leurs services externes, plus de 5000 femmes et enfants. La FMHF représente également près de 150 unités de deuxième étape dans une quinzaine de ressources, qui accueillent les femmes et leurs enfants pour des séjours plus longs.