Unies pour soutenir les victimes de #MeToo

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Invitées à prendre la parole lors d’un rassemblement de militants pour souligner le premier anniversaire du mouvement #MeToo, les représentantes des quatre partis politiques à Québec ont uni leurs voix pour affirmer l’importance de mieux soutenir les victimes d’agressions sexuelles et ont promis d’en faire un enjeu « non partisan » à l’Assemblée nationale.

« Désormais et pour toujours, ce sera tolérance zéro, a soutenu Lise Lavallée, députée de Repentigny de la CAQ qui portait jusqu’à tout récemment les dossiers en lien avec la condition féminine dans l’opposition. Plus jamais le silence et la peur ne devront protéger les harceleurs et les agresseurs. Notre parole est notre arme, brandissons-la fièrement. »

Le mouvement #MoiAussi oblige la société et les parlementaires à entamer « une grande réflexion sur la façon de mieux soutenir les victimes », estime la députée caquiste. « Il reste beaucoup de travail à faire », reconnaît-elle, rappelant que sa formation s’est engagée à abolir les délais de prescription prévus au Code civil du Québec.

« La présente législature est historique puisque nous avons, pour la première fois, la parité à l’Assemblée nationale. Les femmes élues deviendront le relais de toutes ces femmes courageuses qui ont pris la parole et celles qui la prendront encore afin de porter leur message », a-t-elle ajouté.

À ses côtés, les représentantes des trois autres parties politiques étaient bien d’accord.

« C’est un moment historique, une année dont on va se souvenir toute notre vie, mais qui doit avoir une suite, a soutenu à son tour la ministre sortante de la Condition féminine, Hélène David. Et s’il y a une chose que je veux transmettre aujourd’hui, c’est la responsabilité que nous avons comme élus, femmes et hommes. Je suis contente que nous soyons toutes les quatre ici aujourd’hui, parce que ce n’est pas un dossier partisan que de se donner dans la prochaine législature et pour toujours la responsabilité de protéger les enfants, les hommes et les femmes des violences sexuelles. »

Elle-même estime avoir « fait [son] bout » dans la dernière année avec les moyens dont elle disposait, mais reconnaît elle aussi qu’il faut faire davantage. « Je pense qu’on sera tous et toutes d’accord ici pour dire qu’il faut améliorer le processus judiciaire, l’accompagnement, les listes d’attente, l’écoute… Mais au moins, on aura libéré depuis un an la parole autour des agressions et des violences à caractère sexuel. »

Véronique Hivon, qui a réussi à faire de la Loi sur l’aide à mourir un projet transpartisan alors que le PQ était au pouvoir en 2012, en appelle encore aujourd’hui à travailler main dans la main, tous partis confondus. « Je pense que ce serait un signal extraordinaire pour dire aux survivantes que nous les avons entendues et que nous allons tenter de tout faire pour être à la hauteur de leur courage. »

Ruba Ghazal, nouvelle députée de Mercier pour Québec solidaire, s’engage également à travailler de manière non partisane pour faire écho au mouvement #MoiAussi à l’Assemblée nationale.

Plusieurs organismes d’aide aux victimes présents lors de cette conférence de presse organisée par des survivantes au Quai des Brumes à Montréal ont demandé des engagements forts du prochain gouvernement. Ils réclament notamment un financement plus important et, surtout, plus stable. « Je ne peux pas prendre d’engagements parce qu’on est en transition, a répondu Lise Lavallée, dont la formation a été portée au pouvoir il y a deux semaines. Mais c’est sûr que, lorsque je rencontrais des groupes, ils me faisaient part d’irritants par rapport au financement par appel de projets, qui est temporaire. Ils aimeraient un financement plus permanent pour avoir une stabilité. Est-ce qu’il y a une réflexion à faire là-dessus ? Probablement que oui. Mais je ne peux pas [prendre d’engagement]. »

Le cabinet du gouvernement Legault n’étant pas encore formé, elle ne sait pas si elle héritera de la condition féminine. « Mais même si je n’avais pas ce dossier-là, j’ai l’intention de m’impliquer dans ce dossier-là, répond-elle en entrevue au Devoir. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas ministre qu’on n’a pas un rôle à jouer. Il y a des organismes qui m’ont apporté une lumière sur les problématiques qu’ils vivent et je pense que je vais être capable de transmettre l’information à qui de droit et de faire avancer les dossiers. »

Sources : Le Devoir

photo : Marie-France Coallier Le Devoir