Syrie : si une femmes sort, c’est une prostituée !

Un quart des familles réfugiées syriennes en Egypte, au Liban et en Jordanie sont dirigées par des femmes seules qui luttent quotidiennement pour survivre. Au total, ce sont 145 000 cheffes de famille qui font face à l’extrême pauvreté, l’isolement et craignent les violences, rapporte le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Parce que leurs maris ont été tués, enlevés ou séparés, elles se retrouvent seules à s’occuper de leurs enfants. Pendant trois mois, le HCR a rencontré 135 de ces mères syriennes et leur a donné la parole.

Mère de six enfants, dont trois sont atteint de psoriasis, Lina est réfugiée au Liban depuis plus d’un an. Avec l’aide de ses frères, elle s’est construit une tente de fortune et se bat chaque jour pour pouvoir acheter de la nourriture et des médicaments à ses enfants. « Quand vous êtes seule, vous devez repousser vos limites et faire en sorte que les choses se produisent. Si vous êtes faible, c’est terminé. Vous devez être forte pour vous défendre, défendre  vos enfants et votre foyer », explique-t-elle. Selon le HCR, un tiers des femmes seules affirment ne pas avoir assez à manger pour leur famille.

« Si une femme sort, on dit que c’est une prostituée »

Egalement réfugiée au Liban, Fadia vit dans une tour isolée avec ses quatre enfants. Comme 60% des femmes interrogées, elle craint pour sa sécurité. « Il y a beaucoup de fenêtres ici, ça me rend nerveuse. Les gens nous regardent et les commérages sont constants. Si une femme sort, on dit que c’est une prostituée », confie cette ancienne infirmière. « Une femme seule en Egypte est une proie pour tous les hommes », constate aussi Diala, réfugiée à Alexandrie. Sur les 135 femmes interrogées, une seule a avoué avoir été violée, les autres préférant ne pas évoquer les agressions sexuelles qu’elles ont subies. « Je soignerais la plaie et je resterais silencieuse, mais je ne dirais jamais rien à personne », a ainsi affirmé Noor, réfugiée au Liban.

L’appel d’Angelina Jolie

Face à ces situations dramatiques, le HCR s’alarme. « Ces femmes n’ont plus d’argent, font face à des menaces quotidiennes pour leur sécurité et sont traitées comme des parias pour avoir perdu leurs maris dans une guerre brutale. C’est une honte », déplore le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres. Sensible au combat de ces femmes qui « maintiennent les liens au sein d’une société brisée » et « luttent toutes seules », Angelina Jolie, émissaire du HCR, implore la communauté internationale d’entendre ces femmes : « Leurs voix sont un appel à l’aide et à la protection qui ne peut pas être ignoré. »

Télécharger l’étude en anglais 

Voir l’article sur le site d’Elle.fr