Ce projet de loi, qui semblait pourtant bien en selle, suscite une opposition inattendue sur le terrain.
Le gouvernement Couillard a présenté en décembre dernier un projet de loi pour la création d’un registre provincial des armes, trois ans après l’abolition du registre national pour les armes d’épaule sans restrictions.
Les députés provinciaux s’étaient montrés en faveur d’un registre. Certains commencent toutefois à reconsidérer leur position, maintenant que le projet de loi est déposé. Des membres du Parti québécois et de la Coalition avenir Québec ont admis qu’il y avait des tensions au sein de leurs caucus respectifs sur le sujet, et certaines informations qui circulent laissent croire que les libéraux, au pouvoir à Québec, ont également des différends. La possibilité d’un vote libre, une procédure rarement utilisée, a même été évoquée si le projet de loi progresse.
Des groupes opposés au registre soutiennent qu’il y a un fossé entre l’opinion populaire urbaine et rurale, et les divisions des caucus semblent le refléter.
Le lobby national des armes, l’Association canadienne pour les armes à feu (ACAF), se dit aussi inquiet des répercussions d’un registre québécois sur d’autres provinces. L’association a donné son appui au mouvement québécois pour l’abolition du projet de loi, « Tous contre un registre québécois des armes à feu ».
« Les propriétaires d’armes à feu de toutes les provinces ont les yeux tournés vers le Québec », affirme Francis Tenta, représentant pour le Québec de l’ACAF. « Si le Québec adopte [le projet de loi], les autres provinces pourraient être tentées de faire la même chose. »
Guy Morin, le vice-président du groupe formé au Québec, dit avoir reçu quelques dons de l’Ouest canadien, et des propriétaires d’armes de l’Ontario prévoyaient se rendre à Maniwaki, samedi, pour une manifestation devant le bureau de circonscription de la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée. « Ils savent que si ça passe au Québec, ils pourraient être les prochains », dit-il pour expliquer ce soutien du reste du Canada.
Pour M. Morin, l’argent devrait plutôt être investi en santé mentale. Il croit que les règles en place, notamment le permis de possession et d’acquisition d’arme à feu, sont suffisantes. Ce permis renouvelable tous les cinq ans est refusé notamment aux gens ayant un dossier criminel, un passé violent ou dépressif, explique-t-il.
Article paru dans Le Devoir
Crédits photo: Jacques Nadeau