Montréal, le 16 septembre 2015 – Alors que les personnes assistées sociales ont déjà subi les impacts négatifs des 5 mesures règlementaires adoptées ce printemps, le ministre Hamad prévoit ré-ouvrir imminament la loi de l’aide sociale pour y ajouter des mesures obligatoires et punitives. Un ensemble de groupes communautaires demande que ces mesures appauvrissantes soient retirées et que le gouvernement renonce à son programme Objectif emploi.
Sur le terrain, les effets des modifications récentes aux règlements ont été dramatiques pour un nombre important de prestataires. C’est le cas de madame Rosario Tapia qui vit avec ses 2 enfants majeurs. Le ministère considérant que Mme Tapia tire un revenu de la location de chambres à ses enfants, a coupé son chèque de 125$ par mois (sur une prestation de 747$). Mme Tapia est atterrée par cette décision : « Mes enfants sont étudiants et travaillent à temps partiel. Avec un loyer à 605 $, j’avais déjà un budget serré, comment ma famille va survivre avec cette nouvelle coupure? »
Madame Marie-Noëlle Perron de la Maison Tangente redoute quant à elle les effets d’Objectif emploi, le programme projeté par le ministre Hamad. « L’introduction de mesures obligatoires n’est vraiment pas la réponse aux problèmes de ces jeunes, notamment pour ceux qui sont sans domicile fixe. En revanche, une fois réglée leur situation d’urgence, ces jeunes seraient en bien meilleure position pour entamer des démarches d’employabilité, de formation ou de recherche d’emploi », affirme madame Perron.
La Ligue des droits et libertés confirme que cette réforme envisagée par le ministre Hamad est un affront majeur aux droits et libertés. Le retour du workfare, déjà dénoncé par l’Organisation des Nations-Unies en 1998, va à l’encontre de l’esprit de la Charte québécoise des droits et libertés qui garantit le droit à un niveau de vie décent et à la dignité. « Il faut reconnaître que les prestataires sont des victimes d’un marché du travail précaire. L’introduction de nouvelles mesures de workfare contribuera au recul des droits sociaux des personnes démunies plutôt qu’à les soutenir.» affirme Lucie Lamarche de la Ligue des droits et libertés.
Les groupes redoutent que, dans un contexte d’austérité, le ministre n’ouvre la loi sur l’aide sociale que pour ajouter des restrictions à celles déjà imposées aux personnes assistées sociales. « Les mesures obligatoires et punitives n’ont pas fonctionné dans le passé. Ça n’aide pas les gens à revenir sur le marché du travail. On ne peut pas continuer d’appauvrir les prestataires. La pauvreté détruit la santé physique et mentale des gens. Ce qu’il faut, c’est un revenu suffisant qui sorte du stress permanent que représente la pauvreté. C’est tout le contraire de la direction prise par le ministre avec ces 5 mesures règlementaires, les pénalités et l’obligation prévues dans le programme Objectif emploi », soutient Yann Tremblay-Marcotte du Front commun des personnes assistées sociales du Québec.
Contexte
Le 1er mai et le 1er juillet 2015 entraient en vigueur 5 mesures règlementaires à l’aide sociale qui obligent les gens à vendre leur maison, limitent leurs sorties hors-Québec à 7 jours, pénalisent davantage les gens qui partagent leur logement, réduisent drastiquement le chèque pour les personnes en centre de réadaptation en toxicomanie et accentuent les pénalités en cas de fausse déclaration. Quant à Objectif emploi, annoncé lors du dépôt du dernier budget, pourrait être introduit aussitôt que le 1er janvier 2016. Le programme s’adresserait uniquement aux premiers demandeurs d’aide sociale.
Les groupes travaillant avec les personnes assistées sociales sont toujours en attente d’une rencontre avec le ministre pour proposer des solutions positives et durables pour soutenir réellement les personnes à l’aide sociale.