Les femmes pourraient encore gagner moins que les hommes dans 20 ans

121024_hy0wr_chomage_sn635

Ruth Rose a épluché les plus récentes statistiques disponibles au sujet de la place des femmes sur le marché du travail, au Québec. Son rapport, publié par le Comité consultatif Femmes, indique que la bataille pour l’équité salariale n’est pas complétée.

Le taux d’activité des femmes est passé de 46 % à 76 % depuis 1976 et elles sont aujourd’hui majoritaires dans les universités du Québec. Or, la chercheuse note qu’elles continuent à s’orienter vers des professions traditionnellement féminines et souvent moins bien rémunérées.

« Quand on regarde ce que font les jeunes en termes de choix de profession, on n’a pas du tout l’impression que dans 20 ans, il va y avoir moins de ségrégation professionnelle. » – Ruth Rose, professeure associée au département des sciences économiques de l’UQAM

« Les principales professions des femmes en 2015 sont à peu près les mêmes qu’il y a 15 ans », indique-t-elle.

Dans les 10 programmes les plus fréquentés qui mènent à un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou à une attestation de spécialisation professionnelle (ASP), par exemple, les filles représentent 85 % des effectifs en soins infirmiers, 98 % en secrétariat et 82 % en assistance aux personnes dans les établissements de santé.

A contrario, elles ne représentent que 3 % des effectifs dans les programmes de charpenterie-menuiserie et d’électricité. En mécanique automobile, elles ne sont que 7 %. Ces emplois sont pourtant généralement mieux rémunérés.

À l’université, les filles sont majoritaires en médecine, par exemple, mais elles sont encore sous représentées dans de nombreux programmes menant à des professions payantes.

« En génie et en informatique, les femmes ne sont pas là au cégep et elles ne sont pas là à l’université non plus! » – Ruth Rose, professeure associée au département des sciences économiques de l’UQAM

Ruth Rose estime que davantage d’efforts devraient être faits pour intéresser les filles aux professions traditionnellement masculines, mais cela ne réglerait pas tout le problème, selon elle. Son rapport indique qu’à compétences égales, un écart salarial persiste encore aujourd’hui en fonction du sexe.

« Même quand vous regardez les jeunes qui sortent de l’école et qui ont été sur le marché du travail depuis deux ans, donc qui ont le même diplôme et la même expérience que les hommes, il y a un écart de 10 %. »

Les femmes moins scolarisées davantage pénalisées

La chercheuse note que les femmes sans diplôme d’études secondaires sont celles qui sont le plus pénalisées. Leur taux d’activité est de 58 % comparativement à 75 % pour les hommes. Et les emplois qui leur sont traditionnellement destinés sont moins payants, affirme-t-elle.

« Il y a encore des emplois relativement bons pour les hommes dans la construction, dans les industries manufacturières, dans le transport […] Les types d’emplois qui sont disponibles pour les femmes qui sont peu scolarisées, c’est les services de restaurant, préposées en santé, femmes de chambre dans les hôtels, là où elles sont au salaire minium. » –  Ruth Rose, professeure associée au département des sciences économiques de l’UQAM

Les femmes autochtones, immigrantes et avec des limitations fonctionnelles sont également moins actives sur le marché de l’emploi et moins bien payées que leurs semblables de sexe masculin. Les femmes retraitées sont aussi pénalisées, n’ayant que 59 % du revenu disponible des hommes.

Les retraitées pénalisées

Selon Ruth Rose, elles paient aujourd’hui le prix des conditions dans lesquelles elles ont passé leur vie active. « Les femmes qui sont maintenant âgées ont passé beaucoup plus de temps à s’occuper de leurs enfants! », explique-t-elle, ajoutant du même souffle que les femmes constituent la majorité des aidantes naturelles et se retirent donc parfois plus tôt du marché de l’emploi.

« Tout le monde a un peu l’image que les femmes ont fait tellement de progrès que l’égalité est atteinte. C’est vrai que les femmes ont fait beaucoup de progrès dans les dernières décennies, mais il reste encore beaucoup de travail à faire », dit Ruth Rose.

Ses travaux feront l’objet d’une campagne du Comité consultatif Femmes sur les réseaux sociaux au cours des prochaines semaines. Ils seront mis à jour l’an prochain, lors de la publication des données recueillies lors du recensement 2016.

Article issu de Ici.Radio-canada.ca

Pour en savoir plus sur l’étude de réalisée par l’économiste Ruth Rose, voir document joint ci-dessous

Télécharger le document