Féminisme 101: le féminisme pour les nulles et les nuls

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Pour souligner la Journée internationale des femmes, les propos de Lise Thériault, nouvelle ministre de la Condition féminine, et de Stéphanie Vallée, titulaire du même ministère jusqu’à la nomination de Mme Thériault, nous donnent matière à réflexion.

Mme Thériault affirme ne pas avoir réfléchi longtemps à sa position sur le mouvement féministe. Elle se dit plus pragmatique que théorique, plus terre à terre que militante, plus individuelle que collective dans son approche envers la cause des femmes. Elle affirme candidement ne pas connaître de grandes féministes. Elle avoue aussi être beaucoup plus égalitaire que féministe.

Quant à Mme Vallée, elle refuse de s’identifier comme féministe : «L’objectif, ce n’est pas d’être supérieure, c’est d’être égalitaire, peu importe notre sexe, peu importe notre orientation sexuelle, peu importe notre race, notre religion.»

Devant autant de stéréotypes et d’idées fausses sur le féminisme, il est nécessaire de rappeler certains fondements du féminisme. Pour l’occasion, une présentation simple et directe en forme de points sera retenue. On nous excusera pour le manque de précisions. L’humour est aussi un bon outil pédagogique. Dans certaines circonstances, mieux vaut en rire qu’en pleurer.

Voici le féminisme en 10 points pour les nulles et les nuls :

  1. Le féminisme n’est pas une maladie. Il n’apparaît pas au DSM-V (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), la grande bible des maladies mentales. Les féministes, hommes ou femmes, sont des personnes saines d’esprit.
  2. Le féminisme n’est pas un dogme : il est autocritique. Il aime la discussion dans le respect des différences; il évolue, il écoute, il s’enrichit au contact de nouvelles idées.
  3. Le féminisme est cependant une conviction profonde en la dignité humaine.
  4. Le féminisme peut cependant être dérangeant et décoiffant : il dénonce les privilèges, les injustices envers les femmes et travaille pour une société plus juste et équitable pour toutes et tous. 
  5. Le féminisme ne vise pas à rendre les femmes supérieures aux hommes. Il vise à permettre à la moitié de la population de se réaliser pleinement.
  6. Le féminisme dénonce la discrimination systémique qui empêche les femmes d’avancer, même lorsqu’elles se font dire : «Let’s go! Vas-y, fille!»
  7. Le féminisme est pragmatique et terre à terre : il analyse les conditions de vie réelles des femmes. Il s’interroge sur l’absence des femmes en politique et dans les sphères décisionnelles, sur la violence faite aux femmes et aux filles, sur les différences salariales entre les hommes et les femmes, sur la difficile conciliation vie professionnelle-vie familiale, sur les conditions de vie inacceptables des femmes autochtones ou immigrantes, sur le désengagement de l’État dans les services publics. Le féminisme est présent dans la vie quotidienne des femmes.
  8. Le féminisme est constructif : il propose des solutions individuelles et collectives.
  9. Une société qui n’est pas féministe est pauvre dans tous les sens du terme : elle ne profite pas de la créativité et de l’intelligence des femmes; elle n’aspire pas à de meilleurs lendemains; elle ne progresse pas.
  10. Le féminisme est un mouvement engagé, social et théorique qui aspire à tous les possibles.

Conclusion : Ceux et celles qui croient en l’égalité de toutes les personnes humaines sont des féministes.

J’invite Mme Thériault et Mme Vallée à participer à l’Université féministe d’été qui se tiendra à l’Université Laval du 22 au 27 mai 2015 sur le thème de la santé des femmes. Elles y trouveront des féministes, hommes et femmes, de tout âge, de tous milieux et de toutes allégeances qui croient à l’égalité pour toutes et tous.

Lettre publiée dans Le Soleil

Crédit photo: phototèque Le Soleil