De la couleur contre la douleur: des artistes s’engagent contre les violences faites aux femmes

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Ce 25 novembre ne marque pas seulement la grand-messe consumériste du vendredi fou, c’est aussi la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Partout au Québec, une centaine d’activités auront lieu durant 12 jours pour sensibiliser la population à ce «fléau de société».

Tous les six jours au Canada, une femme est tuée par son partenaire intime. En 2009, 67 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur petit ami, ou leur ex-conjoint ou ex-petit ami, selon les données de Juristat.

Depuis 8 ans, le collectif Artistes de cœur se fait l’un des porte-voix de cette campagne avec son expo vente au profit de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF).

Des artistes engagés

L’exposition présente cette année 35 artistes triés sur le volet et plus de 500 tableaux d’un seul format (10x10pouces) au prix unique de 100$. Chaque artiste s’engage à verser l’intégralité des bénéfices de leur première toile, et 10% du total des ventes seront reversés à la fédération.

Le vernissage, qui a réuni ce mercredi plus de 300 personnes à l’Espace Création Dominique Payette de Saint-Lambert, a déjà permis la vente de 110 tableaux, d’après la présidente du collectif Artistes de cœur Sylvie Santerre.

«Chaque artiste le fait pour la cause, a-t-elle indiqué. En effet, 100$ pour les œuvres de qualité que nous proposons représente un vrai don.»

En 2015, les fonds amassés pour la FMHF s’élevaient à 6 000$. Et les gains semblent augmenter chaque année tant l’engouement est grandissant, selon les organisateurs. L’implication de l’actrice Debbie Lynch-White en tant que marraine de l’événement donne également une «forte visibilité à l’événement et à la cause», a fait valoir Sylvie Santerre.  

L’exposition, qui se tenait à Beloeil les premières éditions, a élu domicile à Saint-Lambert depuis trois ans et rejoint désormais les habitants de Montréal et de la Rive-Sud.

Une violence banalisée et transversale

Pour la porte-parole de la FMHF Marie-Hélène Senay, tous les efforts pour sensibiliser à la lutte contre la «violence banalisée et transversale envers les femmes» sont nécessaires.

«L’événement d’Artistes de cœur a un impact qui nous permet de mener à bien nos projets durant l’année. En plus de l’aspect financier, ce type de soutien est essentiel pour sensibiliser la population québécoise», a-t-elle déclaré.

Cette dernière a d’ailleurs dénoncé le «sexisme ordinaire» institutionnalisé qui persiste dans nos sociétés.

«Cela va du commentaire de vestiaire à la main aux fesses, de la blague déplacée jusqu’à l’insulte ou l’agression sexuelle. Toutes ces pratiques sociales qui sont des violences ne doivent plus être permises.  Le système de justice doit également faire sa part: les lois doivent évoluer. Aujourd’hui, ces violences ne devraient plus être tolérées. »

En sachant que «1 femme sur 3 a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans», selon les chiffres de 2006 du ministère de Sécurité publique du Québec, la porte-parole de la FMHF a également tenu à rappeler que seulement 5% des femmes victimes d’agressions sexuelles et 22% des victimes de violences conjugales portaient plainte.

Pour illustrer ces injustices, Marie-Hélène Senay a notamment déploré l’issue judiciaire de l’affaire des femmes autochtones de Val-d’Or, qui s’est soldée il y a quelques jours par le rejet de 37 plaintes contre des policiers de Val-d’Or accusés d’abus sexuel.

La porte-parole de la FMHF a finalement insisté sur l’importance de mieux faire connaître les ressources que sont les maisons d’hébergement et de développer l’accessibilité de ce service.

Rappelons que la campagne «12 jours d’action pour l’élimination des violences envers les femmes» a lieu chaque année entre le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination des violences envers les femmes, et le 6 décembre, Journée nationale de commémoration de la tuerie de Polytechnique.

Pour consulter les nombreuses activités proposées lors de cette campagne: http://cdeacf.ca/12joursactionviolence2016/calendrier

Bon à savoir: la mission de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes

La FMHF offre 35 maisons d’hébergements à travers la province, dont 7 en Montérégie. Si ces dernières accueillent chaque année près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants, elles font face à une forte demande. La fédération estime que près de 10 000 demandes sont refusées chaque année faute de place au moment de l’appel.

Ouvertes 24h par jour et 365 jours par année, ces maisons offrent des services gratuits d’hébergement sécurisé, d’écoute téléphonique et d’accompagnement pour des femmes vivant des situations de violence conjugale et familiale, d’agressions sexuelles, de traite, d’exploitation sexuelle, d’itinérance, de toxicomanie ou de problèmes de santé mentale.

Rens.: www.fede.qc.ca 

Paru dans le Courrier du sud 

Crédits photo: Jean Laramée