Les centres de femmes sonnent l’alarme

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 Dans la foulée des décisions prises par le gouvernement de Philippe Couillard depuis son arrivée au pouvoir, l’R des centres de femmes du Québec, qui se décrit comme le plus « grand réseau féministe d’action communautaire autonome », a senti le besoin de sonder le terrain.

 Au cours de la dernière année, ce réseau a interrogé quelques centaines de femmes qui fréquentent les 90 centres répartis à travers le Québec et celles qui ont participé à différents ateliers pour savoir comment les décisions politiques récentes influent sur leur quotidien. Leurs réponses et témoignages sont compilés dans le document rendu public dimanche.

 Appauvrissement

 Sur le plan économique, 26 % des femmes consultées disent s’appauvrir. Il s’agit essentiellement de mères seules ou de femmes à la retraite. « Les femmes affirmant être en situation de pauvreté évoquent souvent [le fait de] souffrir de solitude, de peur, de colère, d’insécurité ou de détresse », souligne le rapport.

 « Ce qui m’a le plus frappée, c’est l’augmentation de la pauvreté et de la détresse que ça engendre, détresse à la fois économique et psychologique », souligne la présidente de l’R, Carolle Mathieu.

 Plus de 47 % des répondantes jugent par ailleurs que l’accès aux services de santé et aux services sociaux est de plus en plus difficile, notamment en raison de la réorganisation du réseau de la santé ou de la privatisation de certains soins.

 Parmi les autres questions abordées, 15 % des femmes qui ont été consultées affirment qu’elles doivent diminuer la qualité ou la quantité de nourriture qu’elles achètent parce que le coût des aliments est trop élevé pour leurs moyens financiers.

 Ventres vides

 Selon Mme Mathieu, cette enquête se veut surtout le reflet d’une réalité qu’elle observe quotidiennement. Elle-même travailleuse au centre des femmes de Verdun depuis 15 ans, elle constate une augmentation du nombre de femmes qui font les frais des compressions ou qui frappent à sa porte le ventre vide.

 Le réseau des centres de femmes n’a pas vu ses subventions gouvernementales réduites par le gouvernement libéral, admet-elle, mais le soutien public demeure à son avis insuffisant. « Si, par le passé, on achetait six pains pour organiser un déjeuner, maintenant, on en achète douze, explique-t-elle. Les subventions n’augmentent pas au même rythme que la pauvreté. »

 Le dévoilement du rapport de l’R marque le début d’une semaine d’actions des centres de femmes, qui dénonceront l’austérité dans tout le Québec au cours des prochains jours.

Article paru dans Le Devoir 

crédit photo: Jacques Nadeau