Montréal, 28 mars 2018. La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FHMF) était présente au huis clos du budget déposé par le ministre Leitao hier et se questionne sur l’évaluation que fait le gouvernement des besoins financiers pour mettre fin à la violence envers les femmes et leurs enfants.
En effet, si les sommes semblent importantes, il est évident que les montants annoncés sont largement en-deçà des besoins réels des femmes violentées et des organismes qui les soutiennent.
Il a été annoncé 85 millions supplémentaires pour la lutte contre la violence conjugale sur les 5 prochaines années. Cette enveloppe comprend le financement des maisons d’hébergement mais n’est pas exclusive.
Les 6.4 millions annoncés en mars dernier ne sont pas récurrents et ne concernent pas toutes les maisons d’hébergement. En effet, aucune somme supplémentaire n’est prévue au cours de l’exercice 2018-2019.
Les 25 millions octroyés contre les violences à caractère sexuel en décembre dernier ne sont pas reconduits au cours des prochaines années non plus alors que les besoins continuent d’augmenter.
Ce budget nous préoccupe par conséquent grandement. Nous le disons depuis plusieurs années : les situations des femmes violentées et leurs enfants se complexifient, les besoins vont croissants. Les 36 maisons membres de notre fédération ont des taux d’occupation qui oscillent autour de 95% et refusent entre 6000 et 10 000 demandes d’hébergement annuellement faute de place disponible au moment de l’appel. Elles hébergent chaque année près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants. Elles soutiennent, via leurs services externes, plus de 60 000 femmes et enfants de nos communautés.
Les besoins des maisons de 2ème étape seront-ils pris en compte de façon récurrente ? Comment prévoyons nous répondre à l’ensemble des besoins des femmes violnt.es : en situation ou à risque d’itinérance, devant composer avec une problématique de santé mentale, aînées, en situation de handicap, victimes de traite ou de violences basées sur l’honneur, immigrantes et racisées, victimes d’exploitation sexuelle, etc.
Les maisons offrent davantage que de l’hébergement ! Des services 24/7, 365 jours par année, des services externes, de l’accompagnement, une ligne téléphonique 24/7 : les femmes violentées et leurs enfants ont besoin de soutien continu et à long terme. Comment l’ensemble de ces services, qui répondent à des besoins urgents et souvent vitaux, pourront-ils être consolidés ?
Comment le gouvernement dit avoir pris la mesure du problème ? On se questionne.
Nous attendons avec impatience la sortie du plan d’action en violence conjugale et de voir comment la répartition des fonds se fera. Nous gardons espoirs que davantage de crédits soient alloués à la lutte contre cette pandémie qu’est la violence envers les femmes.
Nous voulons garder confiance. Le gouvernement saura –t-il répondre aux besoins urgents des femmes violentées et de leurs enfants ?
N’oublions pas qu’à chaque année au Québec en moyenne 12 femmes sont tuées par leur conjoint ou ex-conjoint et qu’une trentaine sont victimes de tentatives de meurtre. (Ministère de la Sécurité publique)
La FMHF
La FMHF représente 36 maisons d’hébergement au Québec qui hébergent chaque année près de 3 000 femmes et leurs 1 500 enfants victime de violence conjugale et familiale, de traite et de violences basées sur l’honneur, d’agressions et d’exploitation sexuelle, etc. Elles répondent à plus de 20 000 appels et assurent plus de 175 000 suivis individuels. Elles soutiennent, via leurs services externes, plus de 60 000 femmes et enfants. Elles doivent refuser entre 6 000 et 10 000 demande d’hébergement chaque année faute de place disponible au moment de l’appel.