Les autochtones continuent de réclamer une enquête indépendante

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 « Il n’y a pas eu de plateforme du tout, peste la présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel. Ce qui arrive avec les femmes qui dénoncent, c’est qu’elles sont dirigées vers l’enquête fédérale sur les femmes autochtones assassinées ou disparues. On s’entend-tu qu’on parle de deux choses différentes ? »

 Pour elle comme pour le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, la possibilité qu’il n’y ait aucune accusation retenue contre les policiers québécois visés par des allégations d’abus envers des autochtones — telle que l’ont évoquée plusieurs médias mardi — ne change rien à la demande qu’elle martèle depuis un an. Vendredi, après que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) aura annoncé s’il a décidé de poursuivre, ou non, les policiers dénoncés par des plaignantes autochtones, Viviane Michel le formulera encore.

 « Peu importe la décision [du DPCP], on continue à crier qu’on veut une enquête indépendante », annonce-t-elle. « On va continuer de demander une enquête, promet aussi Ghislain Picard. Il n’y a rien qui empêche le gouvernement de procéder avec une enquête qui est propre au Québec, quitte à nourrir l’enquête nationale. Le Québec a trouvé réconfort en se cachant derrière l’enquête nationale. »

 Quand on l’a questionné sur l’abandon du projet de plateforme permettant d’étudier les relations entre les corps de police et les autochtones, le cabinet du ministre responsable des Affaires autochtones a référé au décret qu’il a autorisé, en août, et qui donne aux commissaires fédéraux le plein accès aux témoins et aux renseignements que possèdent les instances de la province. Relancée sur la question, l’attachée de presse du ministre Geoffrey Kelley a répondu par courriel que « les discussions se poursuivent ». « Le gouvernement est toujours ouvert à la tenue de cette plateforme », a assuré Chantal Gauvin.

 Reste que Viviane Michel sent que le gouvernement provincial abandonne les femmes autochtones en quête de justice. « Depuis le départ, on dit qu’il y a une discrimination systémique. […] La justice doit s’appliquer pour tout le monde. C’est ce que les femmes attendent », affirme-t-elle.

 Ghislain Picard ajoute que les 37 dossiers ouverts depuis le 4 avril 2016 par le Service de police de la Ville de Montréal, qui mène les enquêtes sur les abus policiers présumés, témoignent de l’importance du dossier. Peu importe ce qui est annoncé vendredi, le dossier ne sera pas fermé, et « au contraire », affirme-t-il. « [D’autant] qu’il y a toujours des personnes qui refusent peut-être d’aller de l’avant parce qu’à leurs yeux, c’est toujours des policiers qui enquêtent sur des policiers et la méfiance est au rendez-vous. »

Article paru sur le Devoir 

Crédits photo : Jacques Nadeau