Les auteurs de l’article publié dans BJOG se sont intéressés aux données disponibles dans vingt-six pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, en combinant publications scientifiques et statistiques officielles des systèmes de santé.
« Ce chiffre montre l’ampleur du problème. Les avortements à risque restent aujourd’hui une cause majeure de mortalité maternelle », souligne Daphné Lagrou, référente santé sexuelle et reproductive à Médecins sans frontières. D’autant plus que cette statistique ne prend pas en compte les femmes qui n’ont pas accès à un centre de soins : elles représentent 40 % des femmes souffrant de complications, d’après les estimations réalisées en 2009 par l’Institut Guttmacher.
Autre évolution, l’accès aux services de santé s’améliore, grâce aux meilleures capacités d’accueil des secteurs public et privé. « Mais il reste difficile, nuance le professeur Philippe Descamps, chef du service gynécologie-obstétrique au CHU d’Angers. Développer les infrastructures sanitaires et former du personnel est essentiel. Mais il faut aussi gérer le problème en amont et développer la contraception. » Il s’agit de prévenir les grossesses non désirées, en rendant la contraception accessible et gratuite, et en améliorant l’éducation sexuelle des jeunes filles.
Trois cliniques du Québec obligées de se protéger juridiquement contre des groupes anti-avortement
Au Québec, si l’avortement est légal, les cliniques font néanmoins l’objet d’intimidation et de harcèlement de la part de groupes anti-avortement. Ainsi, pour la quatrième fois, trois cliniques montréalaises viennent d’obtenir une injonction afin d’empêcher les manifestants anti-avortement de brandir des pancartes à leurs portes.
Chaque année au Québec, près du tiers des interventions volontaires de grossesse sont effectuées dans l’une de ces trois cliniques. Et elles voudraient maintenant obtenir une loi anti-harcèlement, qui créerait des zones tampons plus vastes et exposeraient à des peines criminelles les militants indisciplinés. Comme dans huit États américains et en Colombie-Britannique, à la suite d’attentats, dans les années 1990, dans cette province ainsi qu’en Ontario, et au Manitoba.
Leurs « agissements troublent très certainement le droit des femmes à leur vie privée et leur dignité. Ils portent atteinte également au droit des propriétaires des édifices et des cliniques » de jouir paisiblement des lieux, a justifié la juge Chantal Lamarche, de la Cour supérieure, dans une décision rendue mercredi dernier.
Même si les membres de Québec-Vie ont prouvé qu’ils étaient respectueux en s’adressant aux femmes, celles-ci et leurs soignants étaient « dérangés, contrariés, fâchés, choqués, bouleversés et stressés » par leur présence. Au point d’augmenter la douleur et les risques lors de l’intervention, a précisé la Cour.
Cette décision a réjoui la propriétaire de la clinique Morgentaler, France Désilets. Cependant, « cette bataille prend beaucoup de ressources et d’énergies et ces ressources ne sont pas infinies. »
Dès qu’une clinique déménage, elle doit par ailleurs reprendre son combat judiciaire à zéro pour faire établir un périmètre dans son nouveau voisinage. Sans compter que l’injonction obtenue hier n’est que temporaire (dite interlocutoire).