Il y a un an, des millions de femmes avaient dénoncé les propos sexistes de Donald Trump en manifestant massivement au lendemain de son investiture. Les femmes ont récidivé cette année, sortant dans les rues samedi, portées par le mouvement anti-harcèlement sexuel #MeToo et leur exaspération à l’égard du président américain.
Si le nombre de manifestants était un peu moins important que l’an dernier, les foules étaient tout aussi impressionnantes.
À Los Angeles et à Chicago, les organisateurs font état de plus de 400 000 manifestants. À Sacramento, en Californie, la police estime la foule à 30 000 personnes; à New York, 100 000 personnes sont sorties dans les rues.
À Austin, les manifestants ont demandé rien de moins que le président soit destitué, en raison de son « incompétence ». Des femmes ont revêtu de longues robes rouges et des chapeaux blancs, en référence à l’accoutrement des femmes de La servante écarlate de l’écrivaine canadienne Margaret Atwood, un livre dans lequel un régime fondamentaliste traite les femmes comme des propriétés de l’État.
Partout, un grand nombre de femmes portaient des chapeaux en laine rose avec des oreilles de chat, qui font référence à la conversation que Donald Trump avait eue avec un présentateur de télévision dans laquelle il se vantait de pouvoir embrasser des femmes et de toucher leurs organes génitaux sans leur demander leur avis.
Les pancartes brandies par les manifestants révèlent un ras-le-bol généralisé des Américains envers le gouvernement. Si le droit des femmes est l’une des principales raisons derrière ces manifestations, les Américains ont aussi marché pour l’immigration, pour la santé des femmes, pour l’environnement, pour l’équité en matière d’emploi et un plus grand accès aux postes de pouvoir.
D’ailleurs, le slogan de cette journée de manifestations est « Le pouvoir est dans les urnes ». On espère ainsi mobiliser les femmes à voter massivement lors des élections de mi-mandat en novembre prochain.
Quelques centaines de personnes à Palm Beach, où se trouve l’extravagant palais de Donald Trump, Mar-a-Lago, ont également manifesté, mais cette fois, en silence.
Tandis que les manifestants dénonçaient les politiques de Trump, celui-ci a envoyé un message sur Twitter affirmant qu’« il s’agit d’une journée parfaite » pour marcher, en ajoutant que les femmes devraient célébrer le fait que le « taux de chômage féminin est au plus bas depuis 18 ans ».
Le mouvement s’étend au Canada
L’organisation Women’s March a aussi tenu des rassemblements dans une trentaine de villes canadiennes, notamment à Charlottetown, à Saint-Jean, à Fredericton, à Victoria, à Calgary, à Ottawa, à Toronto et à Montréal.
Au Canada, l’accent a été mis sur les violences sexuelles dont sont victimes chaque année des femmes canadiennes. Une attention spéciale a d’ailleurs été réservée aux femmes autochtones disparues et assassinées.
À Montréal, les organisateurs ont d’ailleurs tenu à reconnaître les droits ancestraux des territoires autochtones sur lesquels ces rassemblements ont eu lieu.
Pour Sandra Wesley, directrice générale chez Stella, une organisation montréalaise qui lutte pour les droits des travailleuses du sexe, il est d’ailleurs primordial de « mettre de l’avant les femmes plus marginalisées qui se sentent souvent exclues de ces mouvements ». C’est pourquoi des porte-parole et des groupes représentant les autochtones, les transsexuelles ou encore les aînées prennent part au mouvement.
À Ottawa, les marcheurs ont porté un foulard rouge afin de souligner la cause des femmes autochtones disparues et assassinées.
La codirectrice de la Marche des femmes du Canada, Sara Bingham, croit que les manifestations de l’année dernière ont permis à des mouvements comme #MeToo et #MoiAussi de prendre forme et a donné une plus grande voix aux femmes en politique. « C’est incroyablement positif, optimiste et excitant. Les gens sont étonnés qu’ils puissent apporter du changement aussi rapidement », dit-elle.
« Ç’a créé une énorme vague de gens ordinaires qui ne seraient normalement pas impliqués dans la politique », ajoute pour sa part Bodil Geyer, de la Marche des femmes à Vancouver.
Catherine Butler, une des responsables de l’événement à Ottawa, explique que « la conversation a beaucoup évolué » depuis un an.
“C’est magnifique que les gens se soient mobilisés, qu’il y ait eu une prise de conscience. Mais là, qu’est-ce qui se passe? ” – Dahlia Jiwan, responsable de l’organisation de la Marche des femmes à Montréal
Il faut donc « une action collective pour que les histoires s’arrêtent », ajoute Gabrielle Bouchard, présidente de la Fédération des femmes du Québec.
Des marches ont également eu lieu à Beijing, à Buenos Aires, à Nairobi et à Rome. Quelques manifestations sont prévues dimanche en Europe, notamment à Berlin.
Sources : Ici.radio-canada