Parler pour vaincre la violence conjugale

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Cheryl Bau-Tremblay vivait avec un homme qui a des antécédents en matière de violence conjugale et qui est maintenant accusé de l’avoir tuée.

L’avocate Sylvia Schirm, qui défend des victimes de violence conjugale, lance un cri du cœur à la suite du décès de Cheryl Bau-Tremblay et de Samantha Higgins pour inciter les femmes battues à quitter leurs conjoints. Cet appel a été relayé par le Journal de Montréal et la Presse. « Je le sais, on le dit souvent. Mais il faut le répéter à toutes les femmes, et surtout aux femmes plus jeunes prises avec des chums violents, impulsifs, contrôlants. Tu ne mérites pas d’être avec un homme violent. Jamais tu ne mérites de te faire rabaisser, insulter par ton partenaire et encore moins d’être frappée, et abusée physiquement et psychologiquement. Rien ne justifie d’endurer cet abus. »

Malgré les dangers, certaines femmes hésitent encore à faire le pas. «C’est extrêmement difficile. Ces femmes sont dans une situation de grande confusion en raison de la manipulation qu’elles vivent. Elles ont tendance à penser que c’est de leur faute », explique Claudine Thibaudeau, responsable du soutien clinique de SOS violence conjugale. 

Mais lorsqu’elles se décident, elles rencontrent d’autres barrières. «Elles pensent à une multitude d’enjeux comme la sécurité des enfants par exemple. Elles se disent qu’elles pourraient perdre la garde et les mettre à risque», précise Mme Thibaudeau. C’est pour cette raison que dans l’idéal, il faut planifier son départ. «La rupture peut faire escalader la violence. Et c’est là qu’il peut y avoir des menaces de mort. Il faut donc être très prudent. Un départ peut prendre des semaines», explique l’intervenante.

Pour la spécialiste, l’idéal est de contacter une intervenante de SOS violence conjugale (1-800- 393- 9010) qui guidera la femme dans ses démarches en toute discrétion dépendamment de la situation dans laquelle elle se trouve. L’organisme proposera également des hébergements si c’est nécessaire.

Charlène, intervenante à L’Escale de l’Estrie, explique qu’il est d’une importance capitale de parler aussitôt qu’elle se manifeste. De plus, elle assure que les témoins de violence conjugale ne doivent en aucun cas craindre d’aggraver la situation en la signalant à la police.

«La première chose à faire, c’est d’aller chercher du soutien pour réfléchir à ces enjeux-là, réfléchir aux meilleures façons et d’atténuer le potentiel de danger. Il y a beaucoup de ressources au Québec. Il y a des maisons d’hébergement qui sont là pour accueillir les victimes avec leurs enfants. Il y a aussi du soutien qui peut être fait à l’externe de façon confidentielle», a expliqué Mme Thibodeau. Selon les dernières données disponibles, les infractions commises dans un contexte conjugal ont connu une baisse au Québec, mais les tentatives de meurtre ont augmenté.

«Il faut souvent le répéter, mais il ne faut pas croire qu’on arrivera à changer l’homme avec qui l’on est. Il ne faut pas attendre. Cheryl et Samantha ne pensaient sûrement pas que ça leur arriverait», insiste l’avocate Sylvia Schirm. Pour cette dernière, le cas de Cheryl Bau-Tremblay retrouvée morte dans la maison de son conjoint la semaine dernière est un cas de trop qui devrait mettre en alerte les femmes dans la même situation. La jeune femme était enceinte de cinq mois.

«Les femmes enceintes sont les plus à risque. C’est souvent au cours de la grossesse que les premiers coups arrivent. L’homme violent est en général jaloux et possessif. Il n’accepte pas qu’un autre puisse arriver et puisse accaparer sa femme», explique l’avocate spécialisée en droit de la famille.

Il est possible de contacter SOS violence conjugale, en tout temps et partout au Québec, au 1-800-363-9010. L’organisme rappelle qu’elle reçoit 25 000 appels par année. Selon le ministère de la Sécurité publique, seulement 20 % des cas sont dénoncés à la police.

Pour en savoir plus sur la violence conjugale

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