MONTRÉAL, le 9 mars 2018 – Au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, les membres du G13 sont sceptiques quant aux annonces faites hier par le Premier ministre du Québec en tournée en France.
D’abord, le Premier ministre annonce qu’il proposera bientôt une loi-cadre sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette initiative fait suite à une demande de longue date de nos groupes et nous la saluons. Nous nous questionnons toutefois sur la nécessité de procéder à une telle annonce, aussi importante, en terre étrangère. D’ailleurs, quelle place sera accordée à la consultation si le gouvernement souhaite adopter la loi rapidement?
Par ailleurs, le premier ministre a déclaré que son gouvernement travaillera au développement d’un indice égalité. Cet indice est prévu dans la Stratégie gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes vers 2021, adoptée récemment par le gouvernement du Québec et grandement questionné par nos groupes. En effet, la création d’un indice d’égalité n’est pas suffisante; il faut plutôt parler d’indices afin de refléter les diverses réalités des femmes. Nous réaffirmons que, s’il peut être intéressant de disposer d’un tel indice, il ne saurait en rien remplacer l’utilisation systématique de l’analyse différenciée selon les sexes (ADS+) à chaque étape de la production des politiques publiques. Nous pensons qu’il vaudrait mieux s’atteler à respecter des engagements déjà pris dans les précédents plans d’action, plutôt que de pelleter vers l’avant des indices vides de sens. Rappelons que le Québec dispose de plans d’action en matière d’ADS+, dont l’application demeure malheureusement fantomatique.
Pendant ce temps, ailleurs au pays, soulignons les efforts consentis pour intégrer l’analyse différenciée selon les sexes (nommée ACS+ ailleurs au Canada) dans le budget fédéral. La volonté d’enchâsser cet exercice dans une loi permet d’espérer des changements systémiques. Il serait intéressant également que la fiscalité soit passée à la loupe. Nous avons espoir que cet outil pourra corriger les inégalités, notamment salariales, que les femmes vivent de leur entrée sur le marché du travail jusqu’à leur retraite. Nous le réclamons depuis longtemps et espérons que cela pavera la voie pour le gouvernement du Québec qui résiste à réaliser une telle analyse malgré le fait qu’il s’y soit engagé dans sa politique en égalité il y a déjà plus de 10 ans. Force est de constater une autre contradiction entre nos paliers de gouvernements.
Insistons sur le fait que la création d’un ministère entièrement dédié à la condition féminine par le gouvernement Trudeau est une revendication historique des groupes de femmes. Ainsi, un budget serait spécifiquement alloué aux questions liées à l’autre moitié de la population. Or, les sommes annoncées ne permettront pas de compter sur de grandes avancées. 100 millions $ sur 5 ans, c’est bien peu pour remédier aux inégalités structurelles.
Ainsi, nous aurons l’occasion de continuer de célébrer les avancées pour les femmes, car l’égalité est encore loin d’être atteinte pour toutes les femmes.