Forum Itinérance et pauvreté : 140 personnes mobilisées pour faire avancer le droit à un revenu décent

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Cette journée riche en échanges a permis d’alimenter la connaissance du RAPSIM sur les problématiques rencontrées par les groupes sur le terrain et les demandes à porter, et de consolider la mobilisation afin d’aller plus loin collectivement pour défendre les droits des personnes et faire reculer la pauvreté au Québec.

Ce Forum était un temps de rassemblement essentiel réunissant des personnes en situation de pauvreté, des intervenantEs, des responsables d’organismes, des partenaires du milieu communautaire et institutionnels, mais aussi des éluEs de l’opposition, afin de faire le point sur la situation actuelle et envisager des pistes d’action à venir.

En effet, si l’itinérance n’est pas seulement un problème de pauvreté, elle est toujours un problème de pauvreté, et il est donc essentiel d’agir sur ce champ. C’est ce que reconnaît en particulier la Politique nationale de lutte à l’itinérance « Ensemble pour éviter la rue et en sortir » adoptée en février 2014, qui identifie la pauvreté comme l’un des facteurs sociaux à l’origine des situations d’itinérance.

Le Forum s’est ouvert sur un point presse avec France Labelle, présidente du RAPSIM et directrice du Refuge des jeunes de Montréal et Pierre Gaudreau, coordonnateur du RAPSIM, rappelant l’importance d’agir sur la pauvreté afin de prévenir et réduire l’itinérance, et inscrivant le forum dans le cadre des actions menées afin de s’opposer au projet de loi 70. Le Forum s’est en effet tenu dans une actualité forte en lien avec la lutte à la pauvreté, avec l’ouverture le lendemain des consultations sur le projet de loi 70 et la tenue d’une manifestation à Québec de la Coalition Objectif Dignité, dont est membre le RAPSIM.

Une plénière réunissant Mathieu Thériault, camelot à l’Itinéraire et Johanne Cooper, directrice de la Maison Tangente et présidente du Regroupement des Auberges du Cœur du Québec, a permis d’échanger sur les impacts potentiels de ce projet de loi sur les personnes en situation et à risque d’itinérance. Nombre de personnes arrivent en effet sans revenu dans les ressources et devraient donc intégrer Objectif Emploi, un programme contraignant les personnes à un retour rapide en emploi sous peine de voir leur chèque coupé. Or les personnes en situation d’itinérance ne seront pas en mesure de s’y conformer et se retrouveraient donc potentiellement en situation d’échec et grandement appauvries. Les intervenantEs ont livré des présentations fort intéressantes, démontrant en quoi ce projet de loi était dangereux pour les personnes en situation d’itinérance, jeunes et moins jeunes. Mathieu Thériault a en particulier dénoncé avec beaucoup de vigueur les préjugés véhiculés encore une fois par ce type de projet de loi à l’encontre des personnes assistées sociales.

Par ailleurs, quelques jours auparavant, la fermeture du centre d’intervention en dépendance Mélaric remettait sous les feux des projecteurs les impacts des modifications opérées à l’aide sociale quelques mois auparavant, à la fois sur les centres mais aussi et surtout sur les personnes en cours de traitement. Vincent Marcoux, directeur de l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance (AQCID) était ainsi présent au forum pour apporter son éclairage sur ces enjeux. Dans les développements très récents survenus juste avant le forum, le MSSS venait d’annoncer une enveloppe de 6 millions de dollars pour les centres de traitement. Une nouvelle dont s’est réjoui Vincent Marcoux, mais qui est loin cependant de régler le problème de fond de l’appauvrissement des personnes.

Autre sujet d’actualité à l’ordre du jour du Forum : le prochain plan de lutte à la pauvreté. Pierre Gaudreau est intervenu afin de présenter ce que représente un tel plan, pointer certaines avancées en lien avec les plans précédents, en particulier au niveau du recul de la pauvreté des familles, et les demandes du RAPSIM en lien avec la consultation ouverte par le gouvernement. Au-delà de l’augmentation du niveau de prestation d’aide sociale –largement insuffisant actuellement pour permettre aux personnes de couvrir leurs besoins essentiels-, de permettre des revenus du travail plus importants ou encore de garantir l’accès au chèque, le RAPSIM porte aussi de nombreuses demandes relatives au logement, à la santé, à l’éducation et à l’insertion des personnes. Une action structurelle dans la lutte à la pauvreté est en effet essentielle afin de contribuer à la réduction et prévention de l’itinérance.

Sur l’enjeu du droit à un revenu décent, pierre angulaire des demandes du RAPSIM dans la lutte à la pauvreté, Micheline Cyr, directrice de l’Auberge Madeleine, a montré par des exemples concrets comment l’accès à un meilleur revenu était décisif dans la sortie de l’itinérance et apporté sa connaissance de la pauvreté chez les femmes. Le RAPSIM a par ailleurs présenté la place de l’accès à un revenu décent dans la Politique nationale de lutte à l’itinérance et le plan d’action interministériel qui a suivi.

Chantal Guérin du Groupe Information Travail et Daniel Latulippe du RACOR en santé mentale sont intervenus en plénière sur l’enjeu de l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation d’itinérance, démontrant que de nombreuses formules, adaptées à leurs réalités, fonctionnent, comme cela était le cas avec le PAAS Action avant que le Ministère ne le transforme en programme d’employabilité.

Le Forum s’est finalement clôturé sur un panel sur le thème « Comment faire avancer la lutte à la pauvreté au Québec? », réunissant Jacques Létourneau président de la CSN et Francois Saillant, coordonnateur du FRAPRU. Les deux intervenants ont souligné le recul de l’enjeu de la lutte à la pauvreté dans l’agenda politique, l’importance de la sensibilisation du grand public et de l’éducation populaire afin de faire pression sur le gouvernement, et la nécessité d’une convergence des luttes sociales et syndicales pour faire progresser nos demandes.

Des interventions inspirantes et inspirées, sur lesquelles les participantEs du Forum ont beaucoup réagi en apportant leurs témoignages, interrogations et propositions, à la fois lors des plénières puis en ateliers.

Une journée mobilisante, sur laquelle il nous faudra capitaliser pour aller plus loin dans la lutte à la pauvreté et ainsi agir dans la prévention et réduction de l’itinérance !

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