Des femmes âgées envoyées à la rue après un séjour à l’hôpital

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À la Maison Marguerite, un refuge pour femmes sans-abri, on héberge régulièrement des femmes de 71 ans et plus.

 La Maison Marguerite est par ailleurs menacée de fermer six de ses 18 lits de son service d’hébergement d’urgence. Sa directrice donnait lundi une conférence de presse, en compagnie de la députée de Gouin, Françoise David, de Québec solidaire, pour réclamer une subvention d’au moins 200 000 $ par année pour maintenir ces lits. Fondée en 1976 par les Soeurs Grises, la Maison Marguerite a un taux d’occupation de plus de 100 %. En 2013, elle a dû refuser 8400 demandes d’hébergement faute de place.

Isolement complet

 Selon la directrice de la maison Marguerite, Martine Rousseau, il arrive assez fréquemment que des personnes âgées se retrouvent à ses portes, sans pouvoir fournir le nom d’aucune personne à contacter en cas d’urgence, dans l’isolement le plus complet.

 Pas plus tard que la semaine dernière, la maison Marguerite a téléphoné aux services policiers pour signaler le fait qu’une de ses résidentes, qui menaçait de mettre le feu à la maison, représentait un danger pour elle-même et pour les autres. Après un séjour de 24 heures à l’hôpital, cette résidente a été envoyée dans la rue, et est retournée à la maison Marguerite, avec une prescription…

 Il a donc fallu l’accompagner à la pharmacie pour lui permettre d’aller chercher ses médicaments. « Après, on va essayer de l’aider à prendre ses médicaments », explique Mme Rousseau.

 Mais la Maison n’emploie pas d’infirmière ni de médecin, et ne peut pas forcer sa clientèle à prendre sa médication. La dame pourrait donc se retrouver de nouveau à l’hôpital sous peu. « Elle est complètement désorganisée au niveau psychologique. […]C’est une dame qui est très bien connue [du réseau], mais elle a besoin d’une prise en charge médicale », explique Mme Rousseau.

 La moyenne d’âge de la clientèle à l’hébergement à court terme, pour un maximum de six semaines, est autour de 47 ans. « On remarque un vieillissement chez les dames en difficulté qu’on héberge à la Maison Marguerite », raconte Mme Rousseau.

 Non seulement la population des femmes itinérantes vieillit, mais elle explose. Au cours du dernier hiver, l’occupation des refuges pour femmes itinérantes a augmenté de 27 %, signale Marjolaine Despars, du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, qui participait à la conférence de presse.

Besoins financiers

Depuis 2007, la Maison finance à même ses propres campagnes de financement les six lits qu’elle a ajoutés à son service d’hébergement d’urgence. Depuis sept ans, elle demande en vain à l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal de lui fournir une subvention lui permettant de les garder ouverts. Or, l’Agence n’a reçu aucun budget de développement depuis 2007 et se contente d’indexer les subventions au coût de la vie, explique Mme Rousseau.

 Isabelle, l’une des résidentes actuelles de la Maison Marguerite, est contrainte de faire quelques séjours en hébergement d’urgence par année. Parce qu’avec un chèque d’aide sociale de 630 $ par mois, elle n’arrive pas toujours à payer son loyer. Il y a quelques années, elle a couché durant deux semaines dans la rue, au métro Berri, dans la peur et l’angoisse constante d’être attaquée. « J’avais tellement peur que je me cachais, raconte-t-elle. Moi, je ne bois pas, je ne me drogue pas », dit-elle.

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Un projet de loi pour QS

La députée solidaire Françoise David déposera mardi après-midi devant l’Assemblée nationale le projet de loi 190 visant à protéger les droits des personnes âgées locataires. Québec soli- daire veut contraindre les propriétaires à offrir à leurs locataires de 65 ans ou plus dont la situation financière est précaire ou l’état de santé est fragile une unité équivalente non loin avant de reprendre possession de leurs logements. Par l’entremise de son projet de loi de deux articles seulement, la formation politique veut également interdire toute expulsion de locataires entre le 1er décembre et le 31 mars.

Article paru dans le Devoir

crédits photo: Alex Eflon