CP FMHF/PL-70 : Des réalités de l’aide sociale conditionnée!

Montréal, le jeudi 2 juin 2016. La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes s’associe résolument aux nombreux groupes, dont le Collectif pour un Québec sans pauvreté et la Coalition objectif dignité, en conférence de presse ce matin, qui dénoncent depuis le dépôt du projet de loi 70 les risques de désaffiliation sociale associés aux mesures punitives qu’il comprend.

Une grande partie du travail réalisé par nos membres avec les femmes est d’assurer la sortie de ce logement temporaire que sont les maisons d’hébergement. Les femmes violentées travaillent donc dès leur entrée en maison à trouver une source de revenu et un logement pérennes.

Concrètement, pour les femmes victimes de violences, les conditions du PL70 impliquent de devoir suivre une formation ou d’accepter un emploi alors qu’elles se réfugient dans nos maisons à la recherche de sécurité pour elles et souvent pour leur enfants. Dans de tels moments, où l’on craint parfois pour sa vie, il est invraisemblable de penser suivre une formation. Si une femme victime de traite à des fins d’exploitation sexuelle arrive enfin à s’échapper du milieu dans lequel elle baigne et de son proxénète, est-il réaliste de conditionner le déjà pauvre montant de l’aide sociale à un emploi ? Et que générera réellement la coupe du montant ridicule de 623 dollars ? Les conséquences peuvent être très lourdes pour les femmes et leurs enfants.

Nos membres constatent au quotidien les effets des politiques d’austérité sur les femmes et leurs enfants violentés : notamment l’allongement des délais pour accéder à l’aide sociale et la multiplication des complications administratives. Pour aider les plus vulnérables de notre société, il faut absolument leur offrir un filet de protection sociale dans de nombreuses sphères de leur vie, comprenant un revenu décent et le temps nécessaire de se reconstruire. Ce projet de loi va à l’encontre de tous nos efforts ! En rajouter n’est certainement pas la solution. Les maisons subissent elles-mêmes les effets des coupes : les listes d’attente s’allongent et elles ne sont plus en mesure de fournir des services équitables à toutes les femmes qui en font la demande.

La Fédération représente 35 maisons d’hébergement réparties dans 11 régions administratives du Québec, qui accueillent chaque année environ 3000 femmes et leurs 1500 enfants. En plus d’un hébergement, les maisons offrent des services externes, des services jeunesse et un suivi post hébergement. Elles organisent annuellement plus de 2000 activités de promotion et de sensibilisation dans leur communauté. 

Ce sont des années de lutte contre les violences et de défense des droits des femmes, et non de la simple ignorance, qui inspirent cette prise de position de notre Fédération et de ses membres. Les propos du ministre sont déplacés et confirment la tendance de ce gouvernement à ne tenir aucun compte des besoins et réalités de la population qu’il se doit de défendre.

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Marie-Hélène Senay

mhsenay@fede.qc.ca

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