Agressions sexuelles – Où sont les hommes?

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 Fatiguées d’être critiquées quand elles sont trop bruyantes ; et de l’être aussi quand elles agissent sans chercher l’attention médiatique. Fatiguées de se faire dire qu’elles devraient absolument décrier l’origine des agresseurs de Cologne ; mais de bien faire attention à ce qu’elles vont dire sur Monsieur Aubut…

 Plusieurs féministes ont reçu les agressions de Cologne comme un uppercut au visage. Et on ne réagit pas à un uppercut comme à une gifle. Ça coupe le souffle. Les agressions de Cologne ont fait monter d’un cran le niveau de la lutte. Nous savons que toute notre vie, au-dessus de nos têtes, plane la menace d’une agression sexuelle, par un inconnu ou par un proche, alors que nous sommes seules.

 Mais voilà : nous faisons la découverte que nous pouvons désormais être victimes d’agressions alors que nous sommes en groupe ; que des individus planifient de telles attaques contre les femmes dans une des rares situations où elles se sentent en sécurité, parce qu’elles sont en groupe. Permettez qu’on prenne le temps d’encaisser la nouvelle.

 Le temps d’être un peu tristes

 Nous devrons rehausser, encore une fois, notre système d’alerte personnel. Cette maudite peur qui nous habite en permanence, qui se manifeste dans les rues sombres, les stationnements souterrains, va dorénavant se pointer même quand nous sommes en groupe. Non seulement nous sommes « agressables » pendant une grande partie de notre vie, mais nous le sommes maintenant dans un nombre de plus en plus grand d’occasions. Permettez qu’on prenne le temps d’être un peu tristes.

 La réflexion qui s’impose autour des agressions sexuelles, celles qui sont #nondénoncées, celles de Cologne, celles que commettent les hommes de pouvoir, celles qui se passent dans l’intimité des chambres à coucher et les autres, se doit d’être collective. Les hommes doivent participer à une réflexion commune sur les agressions et la culture du viol.

Toutes les femmes qui s’impliquent dans la lutte contre les agressions sexuelles n’ont pas été agressées ; pourquoi les hommes, sous prétexte qu’ils ne sont pas tous des agresseurs, n’en feraient-ils pas de même ? Comment ? Par exemple, en ne laissant pas passer les remarques sexistes d’un ami, en ayant des discussions père-fils sur la notion de consentement, etc. Nous peinons à nous faire entendre des hommes qui réfutent la présence d’une culture du viol ; les alliés masculins y parviendront peut-être, par de petits gestes quotidiens.

Article paru dans Le Devoir

Crédits photo: Christof Sache