Dans son documentaire Face aux monstres, l’autrice et productrice met en lumière le parcours incohérent que doivent traverser les victimes pour obtenir réparation. Le système québécois est-il si mal adapté dans les cas de violence conjugale? C’est lamentablement le cas démontré par Ingrid Falaise.
Dans Face aux monstres, on navigue entre la révolte et le bouleversement en entendant trois victimes de violence conjugale (deux femmes et un homme) raconter leur histoire. Une psychologue, une intervenante, un chercheur et un avocat viennent étayer toutes les difficultés lorsque vient le temps de porter plainte, de quitter la relation et de prouver l’emprise de la conjointe ou du conjoint violent.
Face aux monstres aborde les difficultés à porter plainte dans les cas de violence psychologique et des difficultés pour les victimes de témoigner dans un système où on demande des faits précis.
« Quand on est victime de violence, on a des pertes de mémoire parce que c’est du stress post-traumatique. La plupart des gens ne peuvent pas s’imaginer possible que la victime oublie certaines choses. Mais oui. » –Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
Porter plainte quand on n’a pas de bleus
« La violence psychologique ne fait pas partie de notre code criminel, même si elle peut détruire des vies. » – Joane Turgeon, psychologue et chercheuse spécialisée dans les problématiques de violence
« La violence psychologique est sournoise, très très sournoise. Même que quand on la vit, on ne s’en rend même pas compte. C’est des années plus tard que j’ai réalisé. Ça m’a pris une thérapie pour réaliser que ce n’était pas le coup de poing sur la gueule que j’étais en train de guérir. C’est ce qu’elle disait avec. » – Stéphane, victime de violence conjugale.
Après la rupture, ça continue
Même après une séparation, la violence conjugale peut continuer. « Les recherches sont très claires sur le fait que la séparation […] ne garantit pas l’arrêt de la violence », explique Simon Lapierre, chercheur en aliénation parentale.
Saviez-vous qu’un parent condamné pour violence conjugale peut obtenir la garde de ses enfants? « La violence conjugale n’a pas de pertinence pour la garde de l’enfant », indique Joane Turgeon, psychologue et chercheuse spécialisée dans les problématiques de violence.
Peu de spécialistes ont reçu une assez bonne formation en violence conjugale pour faire une évaluation juste de la situation familiale. Dans les cas de litige dans la garde d’enfants, ces spécialistes ont souvent à se prononcer en cour, mais leur jugement est biaisé, selon Joane Turgeon.
Il y a néanmoins une lueur d’espoir. Ingrid Falaise s’entretient à la fin du documentaire avec la ministre de la Justice, Sonia LeBel et des députées Hélène David, Véronique Hivon et Christine Labrie. Les quatre élues ont formé, le printemps dernier, un comité transpartisan pour revoir l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale.
À propos de la violence conjugale
- L’an dernier au Québec, 11 femmes ont perdu la vie sous les mains d’un conjoint violent. Dans la plupart des cas, les homicides surviennent lorsque les femmes décident de partir.
- Le SPVM reçoit 6500 appels par année concernant des cas de violence conjugale, c’est une moyenne de 18 appels par jour.
- 55 % des victimes n’ont aucune blessure corporelle.
- L’Angleterre et le Pays de Galles sont les premières nations à avoir criminalisé la violence psychologique, en 2015.
Idéatrice, autrice et productrice au contenu : Ingrid Falaise
Autrice et réalisatrice : Mariane McGraw
Pour écouter le documentaire, cliquer ici
Pour trouver de l’aide, consultez la Ressources.
SOS violence conjugale 1 800 363-9010 : SOS violence conjugale