La présidente de la FFQ, Alexa Conradi, garde un très mauvais souvenir de son échange avec le député de Beauce-Nord, devant la commission parlementaire qui étudiait le projet de loi 28, le 10 février dernier.
Plusieurs jours plus tard, Mme Conradi ne décolère toujours pas. « Ça ne m’arrive pas souvent d’être choquée comme ça », a-t-elle commenté, lors d’une entrevue à La Presse canadienne.
Elle qualifie les propos tenus alors par le député de « choquants » et d’« insultants pour les femmes du Québec ».
M. Spénard est un « masculiniste », un député à la vision « rétrograde » et « conservatrice », selon Mme Conradi, encore secouée de voir un membre de l’Assemblée nationale banaliser publiquement le taux élevé d’agressions sexuelles commises sur le territoire du Plan Nord.
D’entrée de jeu, M. Spénard avait mis Mme Conradi sur la défensive en qualifiant le mémoire déposé par la FFQ de « très alarmiste ».
Dans son mémoire, l’organisme cherchait à attirer l’attention des parlementaires sur le fait que le développement du Nord, notamment grâce au secteur minier, pouvait entraîner divers problèmes sociaux comme un taux élevé d’agressions sexuelles, et que le gouvernement devrait tenir compte de cette réalité, en mesurant l’impact de ses politiques sur les femmes.
M. Spénard a rejeté du revers de la main l’argumentaire du groupe féministe. Il a répliqué en disant que « si les agressions sexuelles augmentent dans ce coin-là, ce sera à la Sécurité publique à mettre plus de policiers. C’est comme ça ». Puis, il a ajouté : « On n’arrêtera pas les ressources naturelles et l’extraction du minerai de fer, de cuivre, ou l’or, parce qu’il y a plus d’agressions sexuelles dans ce coin-là! »
Mme Conradi était abasourdie : « Personne ne parlait de fermer les mines. Mais c’était absolument choquant de voir à quel point on pouvait banaliser le problème des agressions sexuelles, comme si ça allait de soi! » Quand elle a fait remarquer au député qu’il banalisait ce problème réel, il a répliqué : « Vous me charriez! ».
L’échange avait mal commencé, car la prémisse de M. Spénard était que l’égalité entre les hommes et les femmes était chose acquise à ses yeux. « On ne peut pas faire beaucoup plus que ça », ni « faire juste des lois pour les femmes », a-t-il commenté. Il a enchaîné en disant que s’il n’y avait pas davantage de femmes en politique, c’était uniquement parce que celles-ci éprouvaient « un effarouchement de la politique ».
Car les partis politiques, selon l’ancien maire de Saint-Joseph-de-Beauce, n’ont rien à se reprocher, déployant déjà « tous les efforts inimaginables » pour attirer « la gent féminine ».
Déplorant l’« ignorance inouïe » et le manque de connaissances du député, Mme Conradi lui a proposé de suivre un cours de Féminisme 101, pour lui faire la démonstration des inégalités qui persistent entre les hommes et les femmes au Québec, malgré l’égalité de droits reconnue sur papier.
Dans son mémoire, la FFQ notait que la violence sexuelle augmentait « de façon exponentielle » dans les milieux où les hommes travaillent en nombre concentré, surtout dans les milieux éloignés des grands centres.
La FFQ note que le taux d’agressions sexuelles est en hausse sur la Côte-Nord et dans les régions du nord du Québec.
Spénard s’excuse
Après la parution de cet article sur divers sites Internet, la Coalition avenir Québec a transmis un communiqué dans lequel le député s’excusait des propos qu’il avait tenus le 10 février.
« Les mots que j’ai utilisés laissent entendre que je minimise le phénomène de la violence envers les femmes et banalise la question de l’égalité entre les hommes et les femmes. Il n’en est rien et soyez assurés que si mes propos ont offensé de quelque manière que ce soit la porte-parole de la Fédération, je le regrette sincèrement », a déclaré M. Spénard.