C’est le cas de Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, qui dénoncé en entrevue avec Mario Dumont non pas seulement les propos de Mervil, mais également sa sentence.
«Pour moi c’était un grand malaise», dit-elle en parlant de la vidéo réalisée par le chanteur déchu. C’est comme une justification. Il ne parle jamais de la femme. Il parle juste d’une personne, il ne parle jamais de victime. Pourtant il a été reconnu coupable. Il est un agresseur et il y a une victime. Il tente de justifier les actes. Il a pourtant été accusé d’exploitation sexuelle, même s’il dit que les accusations pour viol sont tombées.»
Luck Mervil accuse notamment les médias de ne pas avoir donné assez de place au fait que les accusations de viol sont tombées.
«Mais il quand même été trouvé coupable. (…) Et malheureusement on n’entend pas la victime là-dedans», précise Mme Monastesse.
En plaidant coupable, Luck Mervil a trouvé une façon de se protéger, croit-elle. S’il plaide coupable, il n’y a pas de procès, «ce n’est pas étalé au grand jour, ce n’est pas public», note-t-elle.
La vidéo de près de 3 minutes 26 secondes mise en ligne sur YouTube, envoie selon elle un bien mauvais message à la société.
«On sait que très peu de femmes vont porter plainte. Même pas 5% des femmes victimes d’agression sexuelle vont porter plainte, environ 20% en violence conjugale», souligne-t-elle. Cette vidéo n’aidera pas les victimes, croit-elle.
La sentence de 6 mois dans la collectivité de Mervil est nettement insuffisante pour la spécialiste.
«Ici oui, il y a des conséquences pour lui, il est assigné à résidence pour trois mois avec un couvre-feu pour un autre trois mois. Il a quand même été trouvé coupable d’exploitation sexuelle… On dit que les sentences sont cohérentes parce qu’il n’avait pas de casier judiciaire… Mais combien d’agresseurs sexuels quand ils se retrouvent devant la cour n’ont pas de casier judiciaire de façon générale… La confiance des victimes est minée dans notre système. (…) Les femmes quand elles traversent notre système de justice disent que cela est extrêmement éprouvant, et qu’elles ne sont pas vraiment satisfaites, car le message n’est pas clair. »
Elle précise que s’il n’y a pas de tolérance envers les agressions sexuelles dans notre société, cela ne se reflète pas toujours devant la justice.
Délinquant sexuel
Par ailleurs, le nom de Luck Mervil sera également inscrit au registre des délinquants sexuels.
«Ça, c’est très significatif. C’est pour ça que je suis très mitigée (par rapport à la sentence). Être inscrit ce n’est pas rien. Mais pourtant il a une sentence très clémente, c’est très discordant pour moi. Parce que tous les agresseurs sexuels ne sont pas inscrits au registre. »
Selon elle, ceux qui sont inscrits au registre écopent normalement de sentences beaucoup plus sévères que celle imposée à Mervil.
«Le système de justice a manqué à son devoir d’avoir une position claire quand on parle d’agression sexuelle et de violence faite aux femmes», conclut-elle.
Sources : TVA nouvelles