Des personnes qui se sont senties «abandonnées» par le parcours médical «typique» et qui se sont «reconstruits grâce aux organismes communautaires» ont raconté leurs histoires lors d’un rassemblement organisé par le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ), près de la station de métro Mont-Royal.
«Le communautaire, ça m’a sauvé la vie», a souligné Stéphane Belleville, ancien toxicomane qui s’implique maintenant au sein de la RRASMQ. À l’hôpital, tu es un numéro, tu passes vite. « Tu n’es plus en crise? Merci bonjour, arrange-toi avec tes troubles. » Au communautaire, on te prend en considération, tu n’es pas juste ta maladie, ton diagnostic».
«Le mieux-être est défini par [le patient]. Si quelqu’un veut apprendre à vivre avec les voix qu’elle entend, eh bien, c’est dans ça qu’on va l’accompagner.» – Anne-Marie Boucher, porte-parole du RRASMQ
«Le message qu’on aimerait faire entendre, c’est que la santé mentale n’est pas seulement une question de pilules; elle dépend des conditions de vie des gens, a soutenu Anne-Marie Boucher, porte-parole du RRASMQ. Et si on a un gouvernement qui se préoccupe réellement de la santé mentale de sa population, on pense qu’il devrait y avoir une action majeure au niveau de la lutte contre les inégalités sociales.»
Ces revendications touchent, entre autres, les logement sociaux, les conditions de travail, la pauvreté et la conciliation travail-famille. «Pour nous, c’est à ce niveau-là que la santé mentale des Québécois et des Québécoises se joue», a ajouté la porte-parole.
Selon Alima Rachid, intervenante dans un groupe d’entraide à La Prairie, la force des initiatives alternatives se trouve dans leur approche humaine, qui va à l’encontre du discours médical dominant. «Les ressources alternatives se passent au niveau de la personne. On la prend où elle est, on regarde juste ce qui se passe avec elle, les déterminants sociaux. On ne regarde ni les symptômes, ni les diagnostics. On croit que ça prend plus que la médication pour aider les gens.»
«On est différents dans l’accueil qu’on donne aux gens, dans le temps qu’on leur consacre», a ajouté Caroline Roger, intervenante à Brome-Missisquoi, dans les Cantons de l’Est.
«On le sait que la médecine et la psychiatrie sont nécessaires. Mais on pense que beaucoup de choses peuvent être faites au niveau de la prévention, des conditions de vie de la personne. Et lorsqu’elle va mal, on pense qu’il y a d’autres options que l’hospitalisation pour aider la personne à aller mieux», a conclu Mme Boucher.
Source : article de Camille Lopez dans le Journal Métro
photo : Mario Beauregard