«La personne la plus importante de ma vie était en train de se faire tuer»

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«Nous étions très proches, nous nous parlions beaucoup au téléphone, elle me racontait tout ce qui se passait. Elle vivait énormément de violence psychologique et beaucoup de contrôle», a raconté Geneviève Caumartin, en entrevue avec Jean-François Guérin dans Le 9 heures.

Daniel Déry isolait de plus en plus son amoureuse toujours selon sa fille. Il contrôlait tous ses faits et gestes. «Ma mère et moi, on se voyait énormément avant qu’elle rencontre ce monsieur-là. On allait danser ensemble, on faisait des voyages, je l’amenais au restaurant et là, ça se restreignait beaucoup. Il fallait que monsieur soit présent. Des fois, elle avait un peu de liberté quand il travaillait, on allait magasiner. Sur Facebook elle ne pouvait plus avoir d’amis hommes, même de la famille», détaille Mme Caumartin.

Cette dernière n’a jamais envisagé que le contrôle, la violence psychologique irait jusqu’au meurtre. «Je lui disais de partir, qu’elle méritait mieux que ça, de venir à la maison ou qu’on aurait pu lui trouver un endroit pour vivre.  Elle ne voulait pas dépendre de moi, elle voulait rester indépendante. Elle avait peur de lui aussi», dit sa fille.

Le monde venait de s’effondrer

«Le matin du 5 juin, je faisais mes trucs et je me disais que j’allais appeler ma mère vers 11h30, car elle dormait tard et puis la police est arrivée chez moi. C’est comme si le monde venait de s’effondrer autour de moi. Ma mère était ma seule famille dont j’étais proche, je suis enfant unique. Nous avions une relation très spéciale.»

Le choc se fait sentir comme un véritable tsunami dans la vie de Geneviève Caumartin. «J’ai été des mois sans pouvoir prendre soin de moi, sans être capable de manger, j’étais dans le déni, je me disais que j’allais me réveiller le matin et que ça ne serait pas ça. Imaginer à quel point ma mère a pu souffrir, c’est une douleur indescriptible.»

Pour écouter l’entrevue donnée par sa fille, cliquer ici 

Un an plus tard, Mme Caumartin se remet tranquillement de la perte de sa mère, mais c’est difficile, elle le vit comme des montagnes russes, mais affirme que globalement, elle va mieux que l’an dernier à pareille date.

En repensant aux événements, elle aurait voulu faire quelque chose avant que le pire arrive. «J’y songe toujours, toujours. «Je dormais, je ne me doutais de rien et la personne la plus importante dans ma vie était en train de se faire tuer. Et je n’ai pas su, on pense qu’on va le savoir, pourquoi? Je serais allée la chercher, j’aurais fait quelque chose.»

Envolée de colombes

Geneviève Caumartin et sa fille ont procédé à une envolée de colombes le weekend dernier à la mémoire de la disparue. «J’avais besoin de ça pour avancer dans le processus de deuil. C’était un hommage et une occasion de parler de violence conjugale pour que les femmes dénoncent, que ça ne soit plus caché, pour qu’il n’y ait plus de honte autour de ça, car souvent les femmes se font juger, on entend dire pourquoi elle reste là, j’aurais fait ça à sa place, mais c’est facile à dire quand on n’est pas dans cette situation et il faut leur dire qu’elles peuvent obtenir de l’aide.»

Le 15 août prochain, l’accusé Daniel Déry, devrait être fixé sur la date de son procès. Le conjoint de Francine Bissonnette est accusé de meurtre non prémédité.

Paru sur TVA Nouvelles

crédits photo: capture d’écran entrevue