« Il est vrai que l’on reçoit à Joliette de plus en plus de femmes immigrantes et autochtones et que ces femmes, en raison de leur parcours, demandent souvent de notre part un plus grand soutien et plus d’attention », témoigne Clémence Champagne, intervenante à la maison La Traverse, seul établissement offrant de l’hébergement d’urgence aux femmes victimes de violence conjugale dans la MRC.
L’organisme comprend 12 places pour accueillir les femmes dans le besoin ainsi que leurs enfants. Outre l’hébergement, un accompagnement est effectué auprès des usagères, que ce soit sur le plan juridique ou encore pour diverses demandes impliquant de la paperasse et de longues démarches.
En moyenne, illustre Mme Champagne, les intervenantes qui travaillent à la maison La Traverse gèrent trois dossiers en même temps. Mais parfois, selon les besoins et la complexité du suivi à effectuer, le déploiement d’une ressource sur un seul cas à la fois peut être nécessaire.
« Je me souviens d’une femme du Bhoutan qui était restée dans notre maison pendant presque six mois. Elle n’avait pas de papiers et l’intervenante qui la soutenait a dû faire de nombreuses démarches avec elle pour l’aide sociale, notamment. C’était un dossier tellement demandant, qu’elle devait au début y mettre tout son temps. Elle ne pouvait pas en prendre d’autres en charge en même temps », raconte Mme Champagne, ajoutant que chaque cas est différent et que le financement accordé par le gouvernement provincial ne devrait pas se calculer en fonction du nombre de places que contient l’établissement, tel qu’il en est le cas présentement, mais plutôt en fonction du temps accordé selon la complexité de chaque dossier.
« Parfois, le nombre de cas n’a rien à voir avec la quantité de travail à effectuer. Quand il est question des femmes immigrantes, il y a aussi l’écart linguistique à prendre en compte. Quand on doit recourir à des services d’interprétariat pour offrir des services, ça demande du temps, ça aussi. Et on ne refuse personne ici. Il y a des listes d’attente, mais on est toujours prêts à dépanner pour les grandes urgences. On ne laissera jamais une femme à la rue. »
Financement non actualisé depuis 2008
Actuellement, selon l’étude de l’IRIS, dont les résultats étaient publiés le 8 juin dernier, les maisons d’hébergement au Québec dépenseraient 5,3 M$ annuellement, seulement pour offrir des services à ces femmes dites « marginalisées ». On estime toutefois les services adaptés à leurs besoins à 12,5 M$ par année.
L’étude fait également mention de la subvention plancher actuellement accordée pour un centre de 12 places qui se situe à 600 000 $ annuellement. À cela s’ajoute une somme de 10 000 $ par places additionnelles, soit un mode de financement au provincial qui n’aurait pas été renouvelé depuis 2008. Or, la situation des maisons d’hébergement aurait changé ces dernières années.
On évalue que la proportion de femmes immigrantes et autochtones qui fréquentent ces centres est passée de 13 % en 2007 à 21,6 % en 2014 à travers la province.
Et Joliette, qui est de plus en plus reconnue comme terre d’accueil pour les nouveaux arrivants, notamment avec les activités du CRÉDIL, organisme en charge des réfugiés et des personnes immigrantes dans la région, n’échapperait pas à la tendance.
« Puisque la diversité culturelle est de plus en plus présente à Joliette, il va de soi qu’on reçoit de plus en plus de femmes immigrantes chez nous. Je ne pourrais pas donner de chiffres précis, mais je peux dire qu’on remarque une hausse », soutient Clémence Champagne.
Quant aux femmes atikamekw, depuis l’ouverture d’une ressource financée par le fédéral qui les accueille à La Tuque, elles seraient moins nombreuses à fréquenter la maison La Traverse. Celles que l’établissement reçoit résident surtout à l’extérieur de la réserve.
Paru sur L’action.com
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