L’industrie cinématographique mondiale perpétue la discrimination à l’égard des femmes

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En septembre 2014, le Geena Davis Institute on Gender in Media, ONU Femmes et la Fondation Rockefeller présentent la toute première étude internationale des images sexistes présentes dans les films du monde entier. Elle révèle une discrimination profondément ancrée et des clichés omniprésents à l’égard des femmes et des filles, fruits de l’industrie cinématographique internationale. 

Les chercheurs ont analysé des films populaires dans les pays et territoires les plus rentables au monde, dont l’Australie, le Brésil, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, les États-Unis, le Royaume-Uni, ainsi que des films issus de la collaboration entre le Royaume-Uni et les États-Unis.     

Alors que les femmes représentent la moitié de la population mondiale, moins d’un tiers des personnages qui ont la parole dans les films sont de sexe féminin. De plus, les postes à responsabilité y sont généralement occupés par des hommes : à peine 13,9 pour cent des cadres et 9,5 pour cent des figures politiques importantes sont de sexe féminin. Quant aux professions remarquables, elles sont le plus souvent l’apanage des hommes, qu’il s’agisse des rôles de procureurs et de juges (13 fois plus d’hommes que de femmes), de professeurs (16 fois plus d’hommes), de médecins (5 fois plus d’hommes) ou de personnages occupant un poste dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie ou des mathématiques (7 fois plus d’hommes). Par contre, l’hypersexualisation touche davantage de femmes que d’hommes. Les filles et les femmes sont présentées plus de deux fois plus souvent que les garçons et les hommes dans une tenue sexuellement attirante, au moins partiellement dénudées, ou minces.

« Il se fait que les femmes sont terriblement sous-représentées dans pratiquement tous les secteurs de la société dans le monde entier, et pas seulement à l’écran, mais la plupart du temps nous ne nous en rendons tout simplement pas compte. De plus, les images diffusées par les médias exercent une puissante influence sur la création de nos préjugés inconscients et les perpétuent, » explique Geena Davis, fondatrice et présidente du Geena Davis Institute on Gender in Media.

Un autre fait saillant est que la grande majorité des films échoue au teste inventé par Alison Bechdel, qui consiste à chercher dans un film si, quand deux femmes sont ensemble, elles parlent entre elles d’autre chose que d’un homme. À l’inverse, dans la plupart des films, les hommes parlent entre eux de toutes sortes de choses autres que des femmes. Dans un texte paru dans la programmation des 15e journées cinématographiques dionysiennes (en février 2015), l’écrivaine Virginie Despentes en conclut que le 7e art suggère que deux femmes ne peuvent pas faire avancer l’action ensemble. Celles-ci ne valent la peine d’être représentées que dans leur rapport aux hommes. C’est l’homme qui est « le verbe ». Et pour Despentes, il y a là une forme de propagande.

Lire l’article sur Le Devoir : Est-il possible d’exister en tant que femmes, au présent ?

Pour aller plus loin : A l’ONU, l’actrice Geena Davis dénonce le manque de personnages féminins dans les divertissements pour enfants