Il y a 50 ans, un an après les québécoises, les françaises obtiennent le droit d’ouvrir un compte bancaire et d’exercer une activité professionnelle sans l’autorisation de leur mari

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Un an plus tôt au Québec, le 14 février 1964 exactement, la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée, pilotée par la première femme députée et ministre de l’histoire du Québec, Marie-Claire Kirkland-Casgrain, est adoptée. Cette loi donne aux femmes mariées la pleine capacité juridique. Elles peuvent exercer une profession, gérer leurs propres biens, intenter des actions en justice et conclure des contrats. La Loi abolit le devoir d’obéissance de la femme à son mari, sans toutefois faire disparaître la puissance maritale. 

En France, c’est un an plus tard qu’elles auront désormais aussi leur mot à dire pour vendre ou hypothéquer les biens du couple. Jusque-là, en vertu du Code napoléonien de 1804, les femmes étaient légalement considérées comme incapables. Au même titre que les malades mentaux et les enfants, elles n’avaient aucun droit juridique et passaient de la tutelle de leur père à celle de leur mari.

Avant cela, les épouses au foyer recevaient l’argent de leur mari et devaient gérer les dépenses de la famille. Thérèse Clerc, 88 ans, figure emblématique du féminisme, se souvient et raconte : « Je me suis mariée en 1948, à 21 ans. Vingt ans de bons et loyaux services… Mon mari me donnait des sous au début du mois, c’était tant, pas un sou de plus. Fallait voir, c’était raide ! Évidemment, je n’avais pas accès à son compte en banque et je ne savais pas combien il gagnait. Je me rappelle toujours qu’en septembre, après avoir équipé les quatre mômes pour la rentrée scolaire, je n’avais plus rien à partir du milieu du mois. Le reste du temps, c’était à partir du 20. Forcément, il me disait que j’étais une mauvaise gestionnaire, une mauvaise épouse. Il me faisait du chantage, me sortait billet par billet. »

À partir des années 1970, le taux de divorces augmentent, directement liée à l’entrée massive des mères sur le marché du travail. Ce sont d’ailleurs les femmes qui, à 80%, demandent le divorce, malgré la précarisation que représente cette décision. Ainsi, lorsqu’elles ont obtenu leur autonomie financière, elles ont pu se retirer du couple.

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Aujourd’hui cependant, cette indépendance financière n’est toujours pas synonyme d’égalité

Cette réforme rendait donc la femme, presque, l’égale de son époux. Et tout est dans le « presque », car en 50 ans, les choses ont-elles vraiment avancé ? Pour le collectif « Osez le féminisme », la réponse est non. Dans un communiqué publié à l’occasion du 50ème anniversaire de cette loi, l’association estime que cette « indépendance économique, conquise de  haute lutte, n’est toujours pas synonyme d’égalité ». « Aujourd’hui en France, les femmes gagnent toujours 27% de moins que les hommes, et 80% des temps partiels sont exercés par les femmes, enfin elles constituent 70% des travailleurs pauvres », précise l’association.  

Pour un historique des droits des femmes et un portrait de la progression des femmes au Québec et en France