Maisons d’hébergement de femmes sous-financées: Québec reconnaît ses torts

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Il a appuyé la motion de la péquiste Méganne Perry Melançon, qui l’enjoignait à réinvestir massivement dans le réseau des maisons d’hébergement pour maintenir les services et ouvrir de nouvelles places.

Cette motion appelait aussi à « constater le sous-financement chronique des maisons d’hébergement, qui place de nombreuses femmes et enfants en situation de danger ». Tous les députés présents ont voté en faveur de la motion.

Les maisons d’hébergement accueillent gratuitement femmes et enfants en difficulté. Elles peuvent sauver des vies, a plaidé Mme Perry Melançon, qui a fait un lien avec le drame familial de Montréal où un père a récemment tué ses deux enfants avant de s’enlever la vie.

Par contre, en 2018-2019, elles ont refusé près de 15 000 demandes d’hébergement. « On a été témoin collectivement de tragédies familiales d’une tristesse infinie qui auraient pu être évitées si on leur avait offert un soutien », a soutenu la députée de Gaspé.

Plus tôt, en point de presse, la Fédération des maisons d’hébergement a demandé un réinvestissement de 50 millions. La ministre de la Santé, Danielle McCann, ne s’est pas engagée à débourser cette somme.

Elle n’a pas promis non plus que le financement des maisons d’hébergement serait rehaussé dans la mise à jour économique de jeudi. « Mes collègues et moi, nous allons tout faire vraiment pour supporter ces ressources essentielles », s’est-elle contentée de dire.

La présidente de la Fédération des maisons d’hébergement, Sylvie Bourque, s’est quand même dite encouragée pour la suite des choses. « On doit rencontrer Mme McCann la semaine prochaine et on verra la teneur de ce qui nous est proposé. […] On ne peut qu’espérer. »

Mme Bourque a rappelé que le personnel des maisons est épuisé, et que les femmes hébergées vivent une grande détresse. Elles ont en commun d’avoir été « exploitées, vendues, échangées, dénigrées, contrôlées, harcelées, agressées ».

« Malheureusement, notre situation financière est désormais criante, a-t-elle déclaré. On doit fermer des chambres, diminuer l’offre de service externe, gérer les listes d’attente. On ne peut plus accompagner autant de femmes dans leurs démarches.

“On ne fait plus de sensibilisation pour ne pas créer une demande à laquelle nous ne pourrons pas répondre », a-t-elle poursuivi.

Pourtant, il faut faire reculer la violence envers les femmes, a insisté la directrice générale de la Fédération, Manon Monastesse. Au Canada, une femme est tuée par son conjoint ou son ex-conjoint à tous les deux jours.

En 2018-2019, ce sont 2936 femmes et 1615 enfants qui ont été hébergés dans les maisons québécoises membres de la Fédération. Parmi les femmes hébergées, 19 % ont déclaré avoir reçu des menaces de mort, 10 % ont été victimes de séquestration et 4 % ont survécu à une tentative de meurtre.

Chaque année, les maisons d’hébergement soutiennent en outre près de 5000 femmes et enfants en services externes, répondent à plus de 50 000 appels d’urgence et offrent plus de 175 000 suivis individuels.

Source : Presse canadienne 

photo : Edouard Plante-Fréchette