Cri d’alarme des maisons d’hébergement pour femmes

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 L’an dernier seulement, elles ont dû refuser 9800 demandes d’hébergement, faute de places et de budget.

Le problème est récurrent. Il y a une dizaine d’années, le taux d’occupation moyen de ces maisons était de 75 ou 80%. L’an dernier, il était de 96%, et dans un contexte où les problématiques sociales sont plus complexes qu’avant, a déploré Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne mercredi.

Une maison d’hébergement de 12 places reçoit une somme de 600 000 $ par année, ce qui est loin de suffire à combler les besoins, souligne Mme Monastesse.

Une maison qui doit refuser une demande d’hébergement va tout de même venir en aide à une femme dans le besoin, à la mesure de ses moyens.

«On voudrait faire notre travail de façon adéquate et, malheureusement, faute de rehaussement de financement adéquat, bien on « patche ». Ça veut dire qu’une femme qui nous appelle et qu’il n’y a pas de place, (on doit lui dire) « on va vous héberger pour 48 heures, on va voir si on ne peut pas trouver une autre place dans une autre maison, dans une autre région »», rapporte Mme Monastesse. Dans certains cas, une maison ira jusqu’à proposer à une femme de dormir dans le salon temporairement.

Les maisons qui manquent de fonds tentent d’en obtenir de la part de fondations, par exemple, ou d’autres partenaires financiers.

Mme Monastesse cite une étude selon laquelle une somme de 50 millions serait nécessaire pour combler les besoins de la centaine de maisons d’hébergement dans l’ensemble du Québec. «Il y a eu très peu d’indexation du financement au cours des dernières années», signale-t-elle.

C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui leur accorde des subventions. «On est en train de renégocier le tout. Ce qui est un bon début, c’est qu’il y a le nouveau plan d’action en violence conjugale qui est sorti au mois d’août dernier. Il y a des sommes qui sont annoncées», mais on ignore encore comment elles seront réparties entre les différents services d’aide, souligne Mme Monastesse.

La Fédération représente 36 maisons d’hébergement ; le Québec en compte une centaine.

Ces maisons accueillent des femmes victimes de violence conjugale, mais aussi des femmes itinérantes, des femmes âgées victimes de violence de la part de leurs enfants, des victimes d’exploitation sexuelle, des femmes victimes de violence basée sur « l’honneur » ou menacées d’un mariage forcé.

Les problématiques sont aussi plus complexes qu’avant parce que ces maisons reçoivent parfois des femmes qui ne parlent ni le français ni l’anglais, par exemple. Les maisons doivent alors avoir recours à un interprète.

Sources : Presse canadienne 

photo : Bernard Brault

Pour lire le communiqué, disponible ici 

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