Le problème vient du fait que la pension alimentaire pour enfant est comptabilisée dans le revenu du parent — dans 90 pour cent des cas une mère. Ce parent ayant un revenu plus élevé verra donc sa prestation d’aide sociale réduite.
Et le même calcul est fait pour l’aide financière aux études, l’aide au logement et l’aide juridique.
Or, le budget déposé jeudi par le ministre des Finances, Eric Girard, a finalement bonifié ces exemptions pour pension alimentaire pour enfant, ce qui permet d’augmenter l’accès aux prestations pour les parents.
«C’est un gain appréciable pour les familles. Ça fait quasiment 15 ans qu’on se battait pour ça. On a obtenu cette chose-là à l’arraché», s’est exclamée en entrevue Sylvie Lévesque, directrice générale de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec.
Mme Lévesque estime que «des milliers de familles» pourront bénéficier de la mesure. «C’est un pas important face à cette injustice qui dure depuis trop longtemps.»
Plus précisément, le ministre Girard a annoncé que l’exemption pour pension alimentaire pour enfant passera de 100 $ à 350 $ par mois dans les programmes d’assistance sociale.
Pour l’aide financière aux études, l’exemption passera de 1200 $ à 4200 $ par année par enfant.
Et l’exemption passera de 0 $ à 4200 $ par année par enfant pour l’aide juridique et l’aide au logement, comme une Habitation à loyer modique (HLM), le programme Supplément au loyer et l’Allocation-logement.
Mme Lévesque précise que la bonification de ces exemptions ne sera pas si coûteuse que ça pour le gouvernement, soit au total 28 millions $ en 2019-2020 pour les quatre programmes — assistance sociale, aide financière aux études, aide juridique et aide au logement. Le coût grimpera à 36 millions $ pour l’exercice 2020-2021.
Fait à noter, cette revendication d’exempter les pensions alimentaires pour enfant du calcul du revenu de la mère faisait partie des revendications du Collectif 8 mars, cette année, lorsqu’il a rencontré la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest.
Il reste que l’exemption n’est pas encore complète, elle n’est que bonifiée. «Il reste un petit bout à faire pour une exemption complète», a noté Mme Lévesque, tout de même satisfaite du chemin parcouru.
Source : Journal Métro, via La Presse canadienne
photo : Jacques Boissinot